Construit cinq ans avant l’édifice italien qui s’est effondré à Gênes, le pont du Général-Rafael-Urdaneta, à Maracaibo, suscite la crainte.
Après l’effondrement d’un pont qui a causé 39 décès à Gênes, des regards inquiets se portent vers son “jumeau” vénézuélien. Le pont Morandi de Maracaibo, également construit par Riccardo Morandi, est plus ancien de cinq ans, et huit fois plus long que le pont génois partiellement rompu. Inauguré en 1962, il traverse le gigantesque lac de Maracaibo, d’où ses 8 678 mètres (contre 1 182 pour celui de Gênes). C’est à croire que l’ingénieur Riccardo Morandi était maudit. Deux ans après son inauguration, ce pont s’était effondré alors que le pétrolier Exxon s’était coincé dans la travée la plus basse. L’accident avait fait cinq morts.
Le pont alimente la deuxième ville du pays
Si l’angoisse grandit aujourd’hui, après la catastrophe italienne, c’est aussi qu’un incendie s’est récemment déclaré à l’une de ses extrémités, conduisant à sa fermeture de vendredi à lundi. Le gouvernement a dénoncé, comme souvent, un “sabotage”. L’endommagement du pont aurait des conséquences terribles sur le pays, déjà en proie à une crise économique et politique sans précédent, car il alimente la deuxième ville du Venezuela, et est un des foyers de pétrole les plus importants. La zone, qui comprend 4 millions d’habitants, a été privée d’électricité plusieurs jours suite à l’incendie.
La situation de ce pont, qui a été le plus long du monde à sa construction, inquiète d’autant plus que, selon l’ex-président du Centre des ingénieurs de Zulia, Marcelo Monot, les pilonnes qui le soutiennent n’ont pas été inspectées depuis deux décennies, rapporte Le Monde. Il ajoute que “le système de pesage ne fonctionne pas depuis des années : le poids des camions n’est donc pas vérifié, ce qui représente un risque”. Pour le remplacer, un autre pont est en construction depuis des années, mais le projet avance très lentement. En douze ans, seulement 17 % de l’ouvrage a été construit.