La température stationnaire de Songs in red and gray indique un repli frileux assez inquiétant de Suzanne Vega sur ce qui fut sa position il y a onze ans, durant ses années frimes avant les années Mitchell Froom, à l’époque du déjà décevant Days of open hand. Elle qui savait marcher sur des braises avec […]
La température stationnaire de Songs in red and gray indique un repli frileux assez inquiétant de Suzanne Vega sur ce qui fut sa position il y a onze ans, durant ses années frimes avant les années Mitchell Froom, à l’époque du déjà décevant Days of open hand. Elle qui savait marcher sur des braises avec des ballerines, piquer sournoisement au vif sa pop-folk d’apparence bourgeoise, concocter de surprenantes tisanes d’orties, semble avoir abandonné toute velléité d’incandescence. Ici tout est lisse, pesé, équilibré, d’un ennui mortel, les chansons ressemblent à des ciels de traîne qui effacent toute trace des orages passés : ni honteuses, ni désagréables, juste cruellement anodines. Les arpèges tièdes du single Penitent glissent comme des feuilles mortes sur une mélodie qu’une Aimee Mann n’oserait même pas composer du pied gauche. (I ll never be) your Maggie May est un décalque transparent de Marlene on the wall, un retour à la case départ sans la fraîcheur de teint qui séduisait alors. Toute la fumisterie bohême chic trouvera probablement ici son bréviaire, son catalogue d’illusions bon marché, mais ceux qui persistaient à voir en Suzanne Vega une possible Joni Mitchell contemporaine abandonneront les leurs.
Dire que tout cela est chiant comme la pluie serait presque une injure pour la pluie.