Alors qu’il est accusé d’abus sexuels, Luc Besson sort de manière assez discrète son dernier-né, dont la vision de la femme ne peut éviter d’évoquer la vie privée du cinéaste.
Attendu en France pour le 10 juillet, Anna, le nouveau film de Luc Besson, met en scène une jeune femme russe, à la fois espionne et top-modèle. L’intrigue vous semble familière ? Il est vrai que sur ce coup, le cinéaste semble être revenu du côté de ses premiers succès, en particulier Nikita et Léon. Nul doute que cette prise de risques, limitée, est en partie due aux entrées décevantes de Valérian et la Cité des mille planètes, dont il continue de payer les pots cassés, quitte à risquer la fermeture de sa boîte de production Europacorp.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
https://www.youtube.com/watch?v=w4y9vApY8Mw
La critique américaine a ainsi découvert ce nouveau thriller d’action, ne pouvant omettre sa similarité avec d’autres films, y compris ceux, plus récents, qui ont puisé dans l’héritage de Nikita : « Le jour où Red Sparrow [de Francis Lawrence avec Jennifer Lawrence, ndlr] est sorti a dû être très mauvais pour Luc Besson, puisque ce film est la version plus maline et sophistiquée de l’histoire qu’il a imaginée pour Anna », explique Variety.
Le site RogerEbert.com se montre encore plus pessimiste : « A un certain point, ceux avec une certaine mémoire pourraient penser qu’Anna est assez proche de Nikita […]. En réalité, ils se ressemblent tellement qu’on a l’impression que Besson a déterré une première mouture de scénario et l’a filmée après avoir juste changé les noms de personnages et certains lieux. »
Peut-on séparer l’artiste de son œuvre ?
Mais à vrai dire, le problème est ailleurs. Luc Besson étant toujours le sujet d’une enquête suite à plusieurs plaintes, allant du harcèlement sexuel au viol, sa filmographie — et plus particulièrement son obsession pour des mannequins en quête de liberté — est revue par ce prisme, au point de paraître quelque peu malsaine dans le traitement de ces thématiques. Dès lors, l’actualité qui entoure Anna ne fait que renforcer cet état de fait. Pour le Los Angeles Times, « il est difficile de regarder [le film] sans penser aux problèmes hors-champ de Besson, étant donné qu’il s’agit d’une femme qui se défend après une vie passée à être abusée et manipulée par les hommes.«
>> A lire aussi : De nouvelles accusations de violences sexuelles contre Luc Besson
Au vu de sa promotion limitée, il est clair qu’Anna est d’ores et déjà un long métrage sacrifié par l’actualité qui entoure son réalisateur, et qui semble être indissociable de la vision qu’il apporte dans l’œuvre. IndieWire déclare à ce sujet : « Luc Besson aime construire des films autour de femmes vides — souvent des top-modèles — qui peuvent être formatées par le pouvoir de sa volonté« . The AV Club va même encore plus loin : « En considérant que le travail de Besson en tant que réalisateur et scénariste-producteur prolifique a eu tendance à magnifier la xénophobie, le sexisme et la drôle de logique de ses influences, on ne peut pas vraiment être sûrs si la parodie est consciente à 100 % ou non.«
En bref, Anna est loin de convaincre, même en essayant au maximum de ne pas penser au hors-champ qui entoure sa fabrication, cette dernière étant d’ailleurs jugée comme fainéante. Comme le dit The Guardian, « ce qui finit de plomber le film n’est autre que sa fadeur écrasante, qu’il s’agisse du manque de créativité dans les différents meurtres d’Anna ou de l’incapacité de Besson à chorégraphier une scène d’action.«
{"type":"Banniere-Basse"}