Plébiscitée pour ses thématiques sociétales et son dispositif de diffusion immersif, la série vient dêtre renouvelée pour une cinquième saison.
On sent en ce moment une montée de chaleur autour de Skam, dont France Télévisions vient d’annoncer le renouvellement pour une cinquième saison, la première qui ne sera pas inspirée des scénarios de la version originale norvégienne créée par Julie Andem. Une série teen capable de faire du bruit sous nos latitudes, c’est plus que rare, tant le genre reste historiquement sinistré. Skam raconte la vie plus ou moins chaotique de quelques lycéens du XIe arrondissement parisien.
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Si le groupe de personnages principaux reste globalement le même, les saisons se concentrent sur une figure en particulier. Les épisodes d’une vingtaine de minutes sont découpés en séquences mises en ligne indépendamment chaque semaine à l’heure où l’action est censée se dérouler (il faudra attendre l’an prochain et de nouveaux épisodes pour profiter à nouveau en direct de ce dispositif), tandis que les personnages possèdent tous un compte Instagram conçu pour enrichir le récit.
Un carton dans les lycées
Il y a donc plusieurs manières de voir Skam, qui cartonne dans les lycées et se déploie comme une websérie sautillante et fluide, capable de mélanger une approche soap habile avec un souci permanent d’éducation, sur des sujets allant du sexe au harcèlement, en passant par la grossophobie, la religion et les stéréotypes de genre – le test de Bechdel est même cité, dans un moment méta assez savoureux.
Les Américains ont inventé le terme “edutainment” (condensé d’education et d’entertainement) qui correspond bien à la fiction ado en général et à Skam en particulier. Nous sommes loin ici en moyens et en ambition des poids lourds comme Sex Education, Euphoria, Pen15, voire l’ancestrale Skins, parfois citée en référence. Il manque une dureté fondamentale à Skam. Mais le charme opère et le propos s’épanouit autrement.
La saison 4 qui vient de s’achever est centrée sur Imane (Assa Sylla), jeune musulmane noire portant le voile, écartelée entre son désir d’amour, ses amies blanches et sa culture familiale – on pense à l’excellente Ramy, aux thèmes proches. Montrer le quotidien d’une famille noire musulmane en laissant le temps aux scènes et aux points de vue de s’installer sonne juste, tant le sujet parait délaissé en France.
Skam exprime avec une douce frontalité ce que veulent dire la discrimination et le racisme, les blessures et les autocensures qu’ils suscitent. On y perçoit aussi les piqûres de l’adolescence, ces corps qui frissonnent, autour de comédiens étonnants – notamment Marylin Lima, vue dans Bang Gang d’Eva Husson. Un complément idéal à la regrettée Ma terminale (M6, 2004) et aux aventures plus âpres des Grands (OCS, troisième saison à venir).
Skam (France) réalisation David Hourrègue. Saisons 1-4 disponibles sur France.tv Slash et YouTube
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