Les cinq Canadiens viennent de sortir leur premier disque chez Partisan Records, le label des volubiles IDLES. Et ces excellents musiciens se placent d’emblée comme d’énormes espoirs (confirmés) de la musique à guitare.
« On n’en peut plus des journalistes qui nous demandent pourquoi on s’appelle Pottery. Donc trouve d’autres questions à nous poser, s’il te plaît. » C’est en ces termes que Tom, Paul, Jacob, Peter et Austin se présentent, sirotant leur café dans un bar de Bastille (Paris XI). Ils nous félicitent ensuite sur le design de notre tee-shirt et lancent des « Trop cool ! » à l’unisson quand on leur apprend que le logo est celui d’un crew de gabbers parisiens.
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Deux ans pour sortir un disque
Pour certains, c’est leur premier concert dans la capitale française, alors que d’autres sont déjà venus jouer ici à peine sortis de l’adolescence. Ce jour-là, ils s’apprêtent en tout cas à monter sur la scène du Supersonic (Paris XI) pour défendre leur premier disque, dont la légende a déjà été écrite ici et là. Composé et enregistré en 2017, l’objet aura mis deux ans à paraître. Quelques journalistes intrigués ont bien tenté, en vain, de comprendre le pourquoi du comment de ce délai, mais la réponse était finalement très simple : « On voulait des vinyles et on n’avait pas assez d’argent pour en presser nous-même. Donc il a fallu se concentrer sur les concerts. L’opportunité de Partisan Records s’est présentée, et voilà ».
Ces 24 mois d’écoute solitaire ne leur auront d’ailleurs toujours pas suffi pour trouver comment qualifier ce recueil de chansons pop enregistré en seulement deux jours, avec ses guitares cinglantes et ses rythmes tapageurs : « Le label l’a décrit comme un EP sur leur site. Nous, on l’appelle parfois mini-LP, mais tu peux aussi dire maxi. Ou album ? J’en sais rien, c’est juste un disque en soi ». Ok, un disque. En tous les cas, on comprend pourquoi l’écurie Parquet Courts, entre autres, s’est intéressée à Pottery. Il semblerait que les morceaux du quintet se fondent à la perfection dans leur catalogue.
Quelque part entre Television, le Velvet et DIIV
Tantôt grinçants, tantôt micro-tubesques, les titres qui composent No. 1 sont tous excellents, et révèlent un talent d’écriture qui ne dépareillerait pas dans la pop poussiéreuse du New York des 70s. En témoigne la chanson écrite en hommage à Lady Solinas, autrice du SCUM Manifesto et meurtrière ratée d’Andy Warhol, ou encore Hank Williams, dans laquelle ils se demandent comment aurait réagi le célèbre chanteur de country à un speedball.
Et inutile d’essayer de percer le sens des paroles des Montréalais. Lorqu’on lui demande si la chanson The Craft parle de technologie, le chanteur Austin Boylan nous rétorque en souriant : « Franchement non… Enfin pas vraiment. Je ne sais pas, c’est un morceau sur les comportements humains, il me semble ». Et Paul Jacobs, le batteur, d’ajouter : « Pour les visuels du vinyle, j’ai écrit les paroles à la main. Et là, pendant que je faisais ça, je n’arrêtais pas de me demander ‘Mais bordel ; qu’est-ce qu’il a voulu dire ?’ Donc je suppose qu’elles ont le sens que lui offrent les gens ». Peu importe au final : ce qui compte le plus, c’est que dès leur arrivée sur scène, dans un Supersonic chauffé à blanc, les musiciens font tout de suite l’unanimité.
Leurs chansons prennent un relief inédit en live, Austin, plutôt calme en interview, se transforme en chanteur hyperactif, quasiment possédé, et le groupe passe d’un style à un autre sans effort. On pense à Television pour les guitares, aux Talking Heads pour la base rythmique fiévreuse, à DIIV pour le look brooklynnien, et à plein d’autres choses très cool. Parfois carrément punk, parfois presque soul, parfois même techno, la musique de Pottery traverse un très large spectre de styles, et les garçons semblent capables de tout faire.
Il va donc sans dire que le groupe s’inscrit d’emblée et dès son premier disque comme un gros espoir, confirmé, de la musique rock mondiale ; et pour avoir entendu quelques morceaux de l’album que les garçons vont enregistrer cet été en live, on peut vous affirmer que vous n’avez pas fini d’en entendre parler.
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