Damso est chargé de composer l’hymne des Diables rouges en vue du Mondial de foot 2018.
Il y a quatre jours, on apprenait que le rappeur Damso avait été choisi pour composer l’hymne de l’équipe de football belge en vue du Mondial de 2018.
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Un choix qui est loin de faire l’unanimité. La présidente du Conseil des femmes francophones Viviane Teitelbaum a adressé un « carton rouge à Damso » dans un billet de blog mis en ligne le 18 novembre. En cause ? Son clip avec Vald, Vitrine, qui mettait en scène des femmes sur-sexualisées et hyper excitées. Ainsi que certaines de ses paroles, comme celles d‘IVG :
« J’ai séché les cours, pour mouiller des chattes pendant que j’ai le barreau, bitch
Ouais (x5)
La pute est oblique, la pute a trop valsé (valsé)
Pas de quenelle en public, sinon Manu va valser (valser)
Tu veux te faire fister, t’inquiètes, j’ai le bras long (long) »
On aurait pu lui suggérer des punchlines bien plus hardcore, comme celle de Bruxelles Vie : « J’ai pollué tes ovaires juste pour t’baiser sans protection. » ou bien : « Dans sa techa j’ai nagé le crawl »
Invitée au micro de la RTBF le 20 novembre, la même Viviane Teiltelbaum arguait du fait que « Plein de jeunes vont aller écouter ses raps et ils vont entendre des propos qui ne sont pas à banaliser. Je pense que ces six mois où ils vont écouter Damso, entendre toutes ces paroles stéréotypées, insultantes pour les femmes, même très brutales par rapport à ce qu’il dit de la société quand il s’adresse aux jeunes, c’est un vrai problème. » Et de s’appuyer sur le contexte actuel :
« On est quand même dans un contexte aujourd’hui où on promeut l’égalité hommes-femmes, où on essaie justement de comprendre ce qui fait que la société en est encore avec des stéréotypes sexistes aussi graves. Et le monde du foot est un monde où on essaie justement de faire passer des valeurs, où on essaie de montrer l’exemple par rapport aux jeunes, et là on va à l’encontre de tout ça. Est-ce que c’est vraiment le moment pour l’Union belge de foot de mettre en avant quelqu’un qui va inciter à l’utilisation de drogues, qui va inciter au harcèlement, qui va inciter aux violences ? »
Le porte-parole de l’Union belge de football Pierre Cornez a, lui, rappelé le succès de Damso auprès des jeunes, ainsi que le fait qu’il soit « issu de l’immigration, ce qui est le cas pour beaucoup de nos joueurs. » Tout en assurant que l’Union belge « aura aussi [son] mot à dire« . « Il est clair qu’il y aura un contrôle de notre part pour faire en sorte, par le biais de sa chanson, qu’il véhicule les messages que nous souhaitons véhiculer. »
Tout est-il politique ?
La polémique est intéressante en ce qu’elle soulève une fois de plus la question de la dimension intrinsèquement politique d’une oeuvre d’art. A quel moment une punchline sort-elle de son excès cathartique pour véhiculer un message de violence au sein de la société ? Doit-on prendre les punchlines de Damso au premier degré, ou voir en elles un délire de violence verbale egotripique ? Ne serait-ce pas la corrélation des paroles sexistes de Damso et du monde du foot, encore trop peu ouvert aux femmes, qui poserait ici problème ? Peut-on être féministe et écouter Bruxelles Vie ? Autant de questions passionnantes.
Interrogé sur le sujet par le quotidien belge La Dernière heure le 31 mai dernier, Damso assurait ne pas parler « de la femme en général » mais de ses histoires personnelles, ne pas être sexiste mais parler de sexe :
« Parler de sexe ne veut pas dire être sexiste, ce sont deux choses totalement différentes.J’aime la femme sous toutes ses formes. Elle fait partie de ma vie. Mais la sexualité aussi. J’ai 35 ans, j’ai connu des femmes. J’en parle donc, en bien comme en mal. Je parle de mes histoires et non pas de la femme en général, ce serait trop vaste. Je parle de sexe, mais pas de sexisme. La femme fait tout simplement partie de ma vie ! »
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