Récipendiaire du César du meilleur documentaire en 2018 pour I Am Not Your Negro, le cinéaste haïtien Raoul Peck s’est exprimé quant à la question du racisme en France. Dans les pages de l’hebdomadaire Le 1, il a livré un texte puissant intitulé “J’étouffe”.
En 2017, l’auteur du documentaire I Am Not Your Negro dénonçait à travers des images fortes une Amérique blanche imprégnée de racisme. Ce 17 juin, dans le journal Le 1 qui propose un dossier spécial Etre Noir en France, le cinéaste se fait le porte-parole d’un cri puissant, celui dénonçant le racisme systémique qui ronge la France. “La France est dans le déni et ses enfants n’ont plus le temps. Ses enfants ‘adultérins’ ne veulent plus attendre. Ses enfants noirs, blancs, jaunes, arc-en-ciel s’agitent”, écrit-il dans ce texte intitulé J’étouffe. “La concentration de colère accumulée tous les jours dans le cœur de ceux qui ne vous ressemblent pas, de ceux qui vous regardent du dehors à travers la vitre embuée, est incommensurable”, ajoute-t-il.
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Un racisme “brutal, laid, malveillant”
Cette prise de parole s’inscrit dans la même lignée que le vent de protestation parti des Etats Unis suite à la mort de George Floyd, asphyxié par un policier blanc le 25 mai dernier. En plus de témoigner d’un soutien au mouvement Black Lives Matter, Raoul Peck pointe le racisme “brutal, laid, malveillant” à l’oeuvre dans la société française, qui selon lui est dans le déni concernant cette question. “On est simplement arrivé à la fin d’un bien trop lourd héritage d’injustice, de déni et de profits, construit sur la misère des autres. La France est dans le déni, car elle refuse d’accepter d’avoir perdu sa place prédominante et son empire”, constate le réalisateur, dans les pages du 1.
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“Tout mettre sur la table, pour tout reconstruire”
L’ancien ministre de la Culture d’Haïti, qui vit en France depuis plus d’une cinquantaine d’années, explique que le problème doit être repris “à la racine” et qu’il faut “tout mettre sur la table, pour tout reconstruire”. Le cinéaste qui reconnaît être “un homme noir privilégié à tout point de vue” observe tout de même avec stupéfaction la banalisation “des mots racistes, des gestes racistes, des décisions racistes, des lois racistes”. Pour lui, “c’est le problème de chaque citoyen, de chaque institution, la presse comprise, de chaque conseil d’administration, de chaque syndicat, de chaque organisation politique, partout il faut ouvrir ce chantier car c’est à [eux] de résoudre ce problème, pas aux Noirs, ni aux Arabes, ni aux femmes, ni aux homosexuels, ni aux handicapés, ni aux chômeurs”.
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