Il y a sept ans, le 22 juillet 2011, un terroriste d’extrême droite abattait de sang froid 69 membres du camp d’été des jeunes travaillistes sur l’île d’Utoya, en Norvège.
C’était il y a maintenant sept ans. Sur l’île d’Utoya, Anders Behring Breivik, terroriste néo-nazi, avait abattu 69 membres du camp de vacances des jeunes travaillistes norvégiens, et ce après avoir tué huit personnes lors de l’explosion dans le quartier du ministère, à Oslo. Après deux heures cauchemardesques où l’assassin, vêtu comme un policier, tirait de sang froid sur chaque individu qu’il rencontrait, Breivik fut neutralisé par les forces de l’ordre. Les rescapés du massacre ont laissé derrière eux la moitié des leurs. Lors de son procès, Breivik allait jusqu’à justifier son geste en prenant à partie l’AUF (la Ligue des jeunes travaillistes) : le massacre était, pour l’homme, « une attaque préventive ». Encore aujourd’hui, les survivants semblent être forcés à affronter ce cauchemar. Entre troubles psychologiques et menaces à répétition, ils vivent dans l’angoisse.
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Des menaces constantes
« Les journées étaient devenues très pesantes, et le nuit je ne dormais plus… J’ai fini par perdre l’envie de vivre, car chaque jour était pire que le précédent », déclarait en 2013 Adrian Pracon, survivant d’Utoya, cité par RTBF. Si un rescapé sur trois souffre de troubles psychiques, ce n’est malheureusement pas la seule épreuve que ces individus ont à surmonter. Et pour cause, une enquête d’Aftenposten, journal Norvégien, dévoile le quotidien rongé de menaces et d’insultes que doivent subir les survivants, des propos relatés dans un article du Monde.
« Ça aurait été mieux pour nous si tu étais resté sur Utoya et si tu n’avais pas survécu. Dommage que Breivik n’ait pas mieux visé », « Regarde la prochaine fois que tu passes le coin d’une rue, je serai là avec un Magnum et tu seras mort, sale porc que tu es ! », voici le type de sommation dont ces personnes sont les victimes. Malheureusement, les plaintes semblent être trop nombreuses pour les prendre chacune en considération, et l’AUF (organisation des Jeunes Travaillistes), elle-même, ne s’entête pas à toutes les recenser. Les mêmes arguments utilisés pour prôner l’anti-immigration en Norvège semblent être à l’origine de ces insultes, les rescapés étant accusés de soutenir une politique d’« islamisation » du pays.
Réduits au silence
Utoya est, en effet, le lieu emblématique de la formation des élus sociaux-démocrates norvégiens. C’est ici que les futurs politiques et autres hommes et femmes influents du Parti travaillistes (AP) font leurs classes. Pourtant, plus tôt cette année, l’ex-ministre de la Justice norvégienne, membre d’une formation populiste anti-immigration (parti du Progrès), Sylvi Listhaug, avait provoqué l’indignation par un post Facebook. Elle y accusait notamment l’opposition travailliste de faire preuve de laxisme en considérant que « les droits des terroristes sont plus importants que la sécurité de la nation ». Accusation qui n’a pu mener qu’à sa démission, compte tenu du double attentat dont a été victime l’AP.
En effet, depuis 2013, le pouvoir est dans les mains d’une coalition rassemblant le Parti du progrès, dont Breivik a été un des membres pendant dix ans, et le Parti conservateur norvégien. La lutte contre l’immigration semble être le thème phare de la majorité, direction qui a notamment mené à l’adoption de la déchéance de nationalité récemment. « Beaucoup de ceux qui ont vécu le 22-Juillet ont eu peur de participer au débat », explique Tonje Brenna, rescapée, citée par Le Monde.
C’est peu dire si le climat norvégien ne semble pas être clément aux possibles propos de l’AP et des rescapés d’Utoya : « De puissantes organisations issues de la société civile comme Human Rights Service, qui obtient des millions de couronnes de fonds publics grâce à leurs larges réseaux dans les cercles du Parti du progrès, mais aussi des fonds de riches entrepreneurs norvégiens soutenant le gouvernement, produisent quotidiennement du discours de haine antimusulman », constate l’anthropologue Sindre Bangstad.
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