Chiara Mastroianni raconte son Benjamin Biolay

“Bosser avec Benjamin, c’est se mettre en situation de gagner la confiance qui te permettra de faire des trucs dont tu te pensais incapable. Je ne pensais jamais qu’un jour je chanterais. Je n’en avais pas spécialement envie, je ne pensais pas avoir une quelconque compétence pour ça. Mais Benjamin a pensé que tout ce qu’il y avait en moi de fragile et maladroit à cet endroit l’intéressait.

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Malgré sa formation très classique, il n’a pas peur d’explorer des choses très casse-gueule. Il adore les accidents par exemple. Je me souviens qu’un jour où nous enregistrions un morceau intitulé Chanson de la pluie pour l’album Home, il s’est produit un énorme bug de console. La rythmique est devenue hyper bizarre, comme un cœur métallique qui s’emballe. Ça lui a plu. Il l’a gardée pour le disque.

‘Il est timide, Benjamin’

Dans la vie quotidienne, Benjamin a des allures de grand matou nonchalant. Mais c’est un énorme bosseur. Et quelqu’un de très rigoureux, même si la forme, la façon de présenter les choses, paraît plus libre que rigoureuse.

Je l’ai connu juste après la sortie de son premier album, Rose Kennedy (2001). A l’époque, il portait des petits costumes très ajustés, quelque chose en lui paraissait moins assumé. Le fait de chanter, peut-être. Il se percevait sûrement davantage comme un auteur-compositeur et un musicien que comme un chanteur. Avec le temps, il a gagné de l’ampleur comme chanteur. Sa manière est devenue plus rock, aussi.

Même s’il y a toujours une part de réserve dans son être social. Il est timide, Benjamin. Du coup, certains pensent qu’il est snob. Et puis j’ai souvent été impressionnée par sa capacité à écrire depuis la place de l’autre, se glisser dans sa peau, scanner toutes ses pensées, son psychisme. L’album Trash Yéyé (2007) est très impressionnant de ce point de vue. Quand il écrit, c’est un caméléon.”