Il y a longtemps, pour sa première échappée solo, Strummer avait posé debout sur le plongeoir, la guitare en bandoulière. Ce cliché plutôt ridicule cachait tout de même une vérité : à l’époque, l’ancien héraut des années 70 hésitait à mouiller son image, à prendre le risque de vieillir. Avec le nouveau Global a go […]
Il y a longtemps, pour sa première échappée solo, Strummer avait posé debout sur le plongeoir, la guitare en bandoulière. Ce cliché plutôt ridicule cachait tout de même une vérité : à l’époque, l’ancien héraut des années 70 hésitait à mouiller son image, à prendre le risque de vieillir. Avec le nouveau Global a go go, il ne feint plus une maladroite branchitude et assume enfin l’âge de ses artères ? moins âgé que Bob Dylan mais plus que les Chemical Brothers. Cette volonté d’aller voir ailleurs se révèle probante : frotté à d’autres folklores ? notamment latins ?, le talent d’écriture du vétéran semble retrouver une nouvelle force, voire une pertinence inédite. Si la reprise d’un classique celtique, Minstrel boy, s’enlise dans les poncifs, le reste de ce carnet de voyage permet à Strummer de redevenir le conteur qu’il fut autrefois. Cette émancipation n’est sans doute pas fortuite et le groupe qui l’accompagne dorénavant (les Mescaleros) détient sa part de responsabilité ? notamment Tymon Dogg, déjà croisé sur Sandinista. Père naturel de Manu Chao, l’ancien Clash devient aussi un adepte convaincu de la sono mondiale. Les tranches de folk livrées chaudes que sont Johnny Appleseed, Mega bottle ride ou Mondo bongo ? que l’on rapprochera spontanément du King of bongo de la Mano ? existent ici par elles-mêmes, sans (trop) puiser dans un passé rock.