Après les terrasses et les librairies, quelques jours nous séparent encore de la réouverture des salles de cinéma. Alors, en attendant le 22 juin, nous évoquons quotidiennement la salle de cinéma sous toutes ses formes. Aujourd’hui, retour sur ce lieu gardien d’intimité avec Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré.
[#RetourauCinéma] Retrouvez les autres épisodes de notre série :
>> La salle de cinéma comme lieu des plaisirs obscurs dans “La Chatte à deux têtes” de Jacques Nolot
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>> La salle de cinéma comme lieu de désillusion dans “Chantons sous la pluie”
>> La salle de cinéma comme lieu d’extase dans “Vivre sa vie”
Certaines salles appellent leurs spectateurs. Celle du TNB à Rennes est perchée en hauteur. On n’y accède qu’après avoir gravi des marches rouges en colimaçon. Jacques (Pierre Deladonchamps) décide de s’y réfugier un après-midi. Les sièges sont bleus, couleur froide mais rassurante dans laquelle il baigne en permanence. Arthur (Vincent Lacoste) le remarque, lui qui s’ennuie et joue avec sa cigarette. En quelques secondes, le film projeté dans la salle perd tout pouvoir hypnotique – s’il en avait jamais possédé un. Les regards sont dirigés ailleurs.
“La vie est plus étonnante que les films”, annonce Arthur. “La vie est plus conne que les films”, préfère répondre Jacques. Au détour de deux maximes, Honoré esquisse ses personnages : la jeunesse et la curiosité débordante de l’un, l’expérience et la mélancolie de l’autre. Après la séance, la filature commence : les deux amants se sont trouvés et se suivront tout l’été. Si l’histoire s’annonce innocente et légère, elle est tout entière déterminée par sa fin : la mort inévitable d’un homme atteint du VIH. La fatalité dicte la vitesse d’un amour et d’un film qui se veulent crus, vifs, et précipités.
Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré avec Vincent Lacoste, Pierre Deladonchamps et Denis Podalydès (FR, 2018, 2h12)
Et quelques autres films…
D’autres couples se formeront dans les salles obscures, que cela soit arrangé comme dans True Romance de Tony Scott (1993) ou non dans Divorce à l’italienne de Pietro Germi (1962), mais toujours de manière hautement cinéphile, comme dans Les Sièges de l’Alcazar de Luc Moullet (1989) ou dans La La Land de Damien Chazelle (2016).
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