Le duo originaire d’Istanbul délivre « Fantzi Müzik », un premier album à la croisée des cultures.
Bowie du Bosphore, Sparks des Dardanelles, Jarvis Cocker de Byzance, Jakuzi est en fait un duo, né de l’agitation underground d’un pays dont la richesse sonique ne se révèle qu’au compte-gouttes. Cette façon d’accomoder les restes du monde, de jouer au puzzle avec des influences disparates est propre aux cultures où la pop n’est pas dominante, où sa mainmise n’est pas écrasante, intimidante.
Au carrefour de l’Orient et de l’Occident, cet album à la production souvent excentrique, pour ne pas dire archaïque, compense heureusement sa pauvreté de moyens par une audace qui le fait mélanger slows sixties et krautrock, synth-pop MTV 1983 et dreampop enfumée. Cette euphorie de la feuille blanche et de l’itinéraire sans conseils ni GPS fait particulièrement mouche sur Geriye Dönemiyor ou Bir Düsmanım Var, qui offrent effectivement une musique fantaisiste, une musique fantasque.