screamadelica

« Nous sommes un groupe extraordinaire… Notre approche de la musique est révolutionnaire… Le prochain album sera un classique, des roots à la dance-music. » Tout à fait le genre de déclaration compromettante, incitant à une vigilance accrue. Sans doute regonflé par deux ou trois singles judicieux (Loaded et sa prolongation Come together), Bobby Gillespie, le rodomont leader de Primal Scream, a senti pousser les ailes de son groupe : un trio polymorphe (avec Jah Wobble et Martin Duffy en guests), revenu d’une version ratée de ce à quoi aurait pu ressembler Pixies si Black Francis était né de l’autre côté de l’océan (Ivy, Ivy, Ivy). Verbalement du moins. Car voici l’album, constitué des singles susnommés, auxquels se sont joints une autre paire de simples, plus discutables, Don’t fight it…, drosera disco, alimentée par la voix de Denise Johnson et Higher than the sun, invraisemblable slow inhalateur, en trompe-l’œil (dub, house, psyché), fourni ici en deux versions ? dont une circonlocution symphonique, transférée illico au labo. Et pour le reste ? Anagogie et Bobby sont dans un vaisseau, Bobby tombe dans le cosmos (Inner flight, Shine like stars, malgré un curieux ressac), que reste-t-il ? Un contrôle antidopage positif, ambiance déliquescente et luxuriance analgésique, que ne peuvent contredire l’équilibre de Move up ? ses chœurs happy days et sa guitare vérifiable ? ou Damaged ? ballade terrienne. Procession surfaite pour surpatte illicite, Screamadelica entérine la courbe dance et résume en soixante-cinq minutes l’idée que l’on pourrait se faire d’un goûter entre Stone Roses, KLF, 808 State, Spacemen 3, Legendary Pink Dots, Shaman (le singulier de…) et Talk Talk.

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