La mise en ligne de plans numériques permettant de fabriquer des armes grâce à une imprimante 3D vient finalement d’être suspendu par un tribunal fédéral de Seattle.
2 000 dollars. C’est le coût d’une imprimante 3D dont les Américains auraient pu commencer à se servir pour produire des armes à compter du 1er août. Mais la veille, la justice l’a entendu d’une autre manière, suspendant temporairement la mise en ligne de plans numériques permettant de fabriquer des armes à l’aide d’une imprimante 3D. Une perspective qui faisait froid dans le dos. « L’âge de l’arme téléchargeable commence officiellement », avait proclamé victorieusement le site Defence Distributed, un groupe fondé par Cody Wilson –à l’origine de l’initiative – et autoproclamé crypto-anarchiste.
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Si le magistrat, un certain Robert Lasnik, a promis une nouvelle audience le 10 août prochain pour mieux examiner le dossier, l’interdiction pourrait désormais relever de la simple futilité. En 2013, Cody Wilson avait déjà diffusé les plans de son arme, le pistolet au nom bien choisi de « Liberator ».
En deux jours, ils ont été téléchargés plus de 100 000 fois. Le fondateur a déclaré mardi, au magazine Wired, qu’il avait publié de nouveau les schémas le 27 juillet. L’autorisation de mise en ligne avait provoqué la colère des internautes, mais aussi de nombreux politiques et associations. « C’est un terrifiant scénario. Les gens qui ne peuvent à qui on refusera l’autorisation de porter une arme pourront l’imprimer sans un numéro de série, le rendant intraçable », s’insurgeait Adam Skagg du Gifford Law centre to Prevent Gun Violence, dans des propos rapportés par The Economist. Même Donald Trump a twitté, contredisant sa propre administration, pour exprimer son incompréhension devant l’usage d’une telle arme. Un commentaire qui a énervé nombre d’opposants comme le sénateur new-yorkais Chuck Schumer.
I am looking into 3-D Plastic Guns being sold to the public. Already spoke to NRA, doesn’t seem to make much sense!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) July 31, 2018
Judge made right call. If @realDonaldTrump truly thinks 3D guns don’t make sense then he should buck the NRA and use his bully pulpit to pressure the GOP to pass our bill to stop 3D guns once and for all. https://t.co/HBENAkSn2A
— Chuck Schumer (@SenSchumer) August 1, 2018
Un débat à l’américaine
Si l’arme en question, « Liberator », n’est pour l’instant capable de tirer qu’une seule balle, les conséquences pourraient être toutes aussi dangereuses si elle est utilisée , par exemple, contre un pilote d’avion, expliquent les opposants. En plastique et sans numéro de série, elle peut servir dans toutes situations demandant d’éviter un contrôle. Une vraie « arme fantôme » dans les mots de son créateur. Qui plus est, la technologie permettra bientôt de produire des armes plus sophistiquées tels des fusils s’apparentant au AR-15.
https://www.youtube.com/watch?v=drPz6n6UXQY
Dans une bande-annonce stylisé datant de 2013, et où alternent images d’horizons et d’armes sur une musique volontairement épique, Cody Wilson, présent dès les premières secondes, veut montrer que les armes 3D sont l’aboutissement du Second amendement, et une victoire pour la liberté. (Source : DEFDIST).
Vu de France, ce genre de débat jouit souvent d’une certaine incompréhension. Mais pour l’Américain, il traduit les sempiternelles discussions autour du deuxième amendement de la Constitution, celui qui autorise chaque citoyen américain à posséder une arme à feu.
Une exigence absolue remise en cause dans un pays où plus de 30 000 individus trouvent chaque année la mort en raison d’armes à feu et où les fusillades sont souvent d’actualité. Le 28 juin dernier, cinq personnes trouvaient la mort dans l’attaque de la salle de rédaction d’un journal local, le Annapolis Capital Gazette à Annapolis, la capitale de l’Etat du Maryland. Le mois d’avant, un 18 mai, une fusillade éclatait dans un lycée de Santa Fe, au Texas. Un jeune lycéen avait tué une dizaine de camarades. Enfin, un tireur isolé, Stephen Paddock avait donné la mort à plus de soixante festivaliers à Las Vegas en octobre 2017. Il s’agissait de la plus sanglante fusillade de l’histoire modernes du pays.
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