Incarnant respectivement Nikola Tesla et Thomas Edison, les deux acteurs, toujours brillants, s’affrontent dans une bataille politico-technologique jubilatoire.
Depuis trente ans, Michael Almereyda compose l’une des œuvres les plus singulières du cinéma indépendant américain, restée hélas largement invisible en France. Celles et ceux qui avaient apprécié son Experimenter en 2015 (sur l’expérience de psychologie de Milgram, qui évaluait la soumission à l’autorité des Américain·es dans les 60’s) ou son adaptation contemporaine de Hamlet en 2000 seront en terrain familier.
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Il retrouve ici le comédien qui interprétait son prince shakespearien, Ethan Hawke, et lui confie cette fois le rôle de Nikola Tesla, dans un biopic expérimental dont il a le secret.
Avant d’être une marque d’automobiles, Tesla fut en effet un inventeur de génie, notamment du courant alternatif, qu’il réussit à imposer dans une bataille politico-technologique l’opposant à Thomas Edison (joué ici par le toujours merveilleux Kyle MacLachlan).
Almereyda déconstruit le biopic par tous les moyens possibles
Le sujet avait déjà donné lieu, en 2017, au médiocre The Current War (Alfonso Gomez-Rejon), dont ce film-ci, par ses choix radicaux de mise en scène, est l’antithèse.
Fidèle à sa méthode — rappelant Brecht, Derek Jarman, voire, de loin en loin, Lynch, qu’on sait fasciné par la figure de Tesla —, Almereyda déconstruit le biopic par tous les moyens possibles, y compris anachroniques, lorsque la narratrice compare le nombre d’occurrences Google entre les deux pères de l’électricité. Au-delà de ses effets de distanciation, souvent payants mais quelquefois lourds, le film est surtout un écrin pour son acteur principal, Ethan Hawke, de plus en plus resplendissant à mesure qu’il vieillit.
Tesla de Michael Almereyda, avec Ethan Hawke, Kyle MacLachlan (E.-U., 2020, 1 h 42). En DVD (Metropolitan)
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