1975 : Kevin, lycéen gavroche des faubourgs de Londres avait trouvé ses héros : les Dr Feelgood, groupe de rock’n’roll intégriste, originaire de Canvey Island, un bled voisin. Leurs guitares sans faux pli et leurs refrains masculins lui faisait oublier le F3 déprime, les baffes de son père alcoolo et les bigoudis roses de sa […]
1975 : Kevin, lycéen gavroche des faubourgs de Londres avait trouvé ses héros : les Dr Feelgood, groupe de rock’n’roll intégriste, originaire de Canvey Island, un bled voisin. Leurs guitares sans faux pli et leurs refrains masculins lui faisait oublier le F3 déprime, les baffes de son père alcoolo et les bigoudis roses de sa mère ménagère. 1988 : Kevin fait les trois huits, il a encloqué sa copine et a moins le temps d’écouter ses disques. Mais il vient de tomber sur les Godfathers, un nouveau gang qui lui rappelle les Feelgood de son enfance. Chansons plus dogmatiques qu’une réunion syndicale, chanteur testostérone, hymnes ouvriers à boire en chœur, guitares musclées-tatouées, toutes choses qui lui redorent sa fierté cockney et lui font oublier la fraiseuse. Si seulement ils laissaient tomber leurs mignardises pop , pense Kevin. 1991 : il les croyait morts, mais les revoilà avec un nouvel album. Les temps ont changé, Kevin est chômeur, revenu du syndicalisme, il vote Tories. La panse alourdie par les hectolitres de stout, il traîne son désarroi entre docks huileux, pub enfumé et F3 moisi. En ces temps troublés et incertains, le rock franc et bourru des Godfathers lui offre au moins une bouée, lui redonne le moral et un peu d’énergie pour battre sa femme et ses deux morveux. Le groupe bande toujours dur, les guitares castagnent comme une bonne baston de samedi après-midi au stade. Et tant pis pour leurs penchants pop et leurs écarts de pédés, faut bien aguicher les fiotes de journalistes et ne pas rebuter les jeunes’, regrette Kevin. Les Godfathers restent les seuls à brandir la chope du pub-rock pète-sec à l’anglaise pour Ricky Banlieue de tout pays, comme une fresque prolétaire pour chaîne de télé régionale, un docu fauché en noir et blanc pluvieux à peine coloré de quelques gouttes de mélodies mentholées.
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