Après Adams, Glass et Cage, l’ancien élève de Nadia Boulanger Jay Gottlieb, offre aujourd’hui un album ébouriffant consacré à ce maître inclassable de la musique américaine qu’est Charles Ives. Dès la Three-Page Sonata, c’est Schoenberg qui apparaît en filigrane avant que la marche finale sonne comme un pied de nez à la tradition européenne importée […]
Après Adams, Glass et Cage, l’ancien élève de Nadia Boulanger Jay Gottlieb, offre aujourd’hui un album ébouriffant consacré à ce maître inclassable de la musique américaine qu’est Charles Ives. Dès la Three-Page Sonata, c’est Schoenberg qui apparaît en filigrane avant que la marche finale sonne comme un pied de nez à la tradition européenne importée par les émigrants à la fin du XIXe siècle. L’Etude 20 appelle Scott Joplin à travers ses rythmes de ragtime et la citation de Glory, Glory Hallelujah. Entre-temps, le contrepoint le plus complexe s’est exprimé comme venant tout droit du piano de Scriabine. Les sautes d’humeur sont ici légion, comme les progressions furtives et les climats lunaires. Ives a parsemé ses œuvres d’indications diverses et pas seulement pour l’exécution technique ; ce sont de véritables rébus comme on en trouve dans l’univers de Satie. Des clés pour comprendre ce qui, souvent, semble banal. L’Air varié en est plein. Vient ensuite le plat de résistance, la gigantesque Sonate Concord, contemporaine des dernières œuvres de Debussy dont on perçoit l’écho impressionniste. Avec elle, on pénètre la philosophie d’un Ives dévoré par le transcendantalisme. Monolithe dionysiaque et apollinien aux relents beethovéniens, la sonate est comme chez Scriabine, l’expression cosmogonique d’un au-delà.
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