Du haut de ses 22 ans, Mariana Benenge, née à Kinshasa, en République démocratique du Congo, et habitant Paris depuis huit ans, s’est fait connaître grâce à la danse (elle a notamment dansé pour Yseult) et à ses créations de mode joyeuses, inspirées par le funk, le bling et sa culture d’origine. Rencontre avec une jeune cheffe … Continued
Du haut de ses 22 ans, Mariana Benenge, née à Kinshasa, en République démocratique du Congo, et habitant Paris depuis huit ans, s’est fait connaître grâce à la danse (elle a notamment dansé pour Yseult) et à ses créations de mode joyeuses, inspirées par le funk, le bling et sa culture d’origine. Rencontre avec une jeune cheffe de file.
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Comment la danse est arrivée dans votre vie ?
Mariana Benenge — La danse a toujours fait partie de ma vie. De par ma famille et aussi de par l’école, au Congo, où la danse n’avait rien d’optionnel – c’était une obligation. J’y ai dansé des danses traditionnelles du pays et découvert le hip-hop. Une fois arrivée en France, il y a huit ans, j’ai découvert le krump au 104 : ça a été l’amour fou.
Puis, lors d’une formation de danse, le waacking a pris mon cœur. De toutes les danses, c’est celle qui a le plus libéré mon esprit et ma personne autour du partage, de la mode. Il y a aussi la scène ballroom, le voguing, et ma house, la House of Revlon, qui est ma deuxième famille, un endroit safe où je peux être qui je suis ou qui je veux être.
Et la mode, quelle place occupe-t-elle ?
Au Congo, la mode fait partie de la vie, du lifestyle. J’ai toujours dessiné des pièces et j’ai commencé par créer une première marque, Bonne Enfant, avec une amie, puis à la fin de notre collaboration j’ai lancé Tantine de Paris, un label à mon image. Je voulais donner du bonheur à travers les vêtements, de l’amour, je voulais que tout le monde se sente unique.
Mes inspirations baignent dans la culture kinoise : les femmes congolaises, l’esthétique et le kitsch des années 1970 et 1980, la musique du pays, le funk et toujours les couleurs. Pour moi, le vêtement est un espace d’audace où l’extravagance définit l’élégance d’une féminité exaltée ! J’aime l’idée de goût et de dérision pour faire rêver un moment et habiter une esthétique baroque.
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Chez Tantine de Paris, c’est l’élégance de Paris et l’avant-garde du Congo, où le vêtement est incapable d’être timide et est génétiquement ambitieux. Je veux montrer une autre façon de voir la mode congolaise, pas que du wax, et y communiquer une vision du monde chic, choc et funk.
D’où vient le nom Tantine de Paris ?
Cela vient d’abord du fait que tout le monde m’appelle Tantine à cause de tout mon bagage culturel, dont je suis fière et qui s’exprime à travers mon style, ma manière de parler, de conseiller, de prendre soin de mes amis et de danser.
“Les femmes congolaises sont les plus stylées qui existent avec leurs looks fièrement bling-bling”
Tantine aussi parce que mes tantines congolaises du bled ou de la diaspora sont mon inspiration : ce sont les femmes les plus stylées qui existent avec leurs looks fièrement bling-bling.
Et Paris, parce que c’est l’une des plus belles villes pour moi, particulièrement pour sa mode, ses soirées et son brassage culturel.
Vos défilés sont incarnés par des danseur·euses. Quel lien entre la danse et la mode ?
Pour bien danser, je dois être bien sapée, et c’est le cas de plein de danseurs. Un danseur peut donner une autre dimension aux vêtements, les faire vivre autrement.
Dans mes défilés, les mannequins ne sont pas des cintres ! Ce sont eux qui font vivre le vêtement, ce sont eux qui racontent leur histoire en bougeant dedans.
Vous êtes très active sur Instagram. Qu’essayez-vous de communiquer à travers cette plateforme ?
Au début, cette plateforme me faisait peur, je me sentais très éloignée de l’image de la femme qu’elle renvoyait, de la mode. Sa violence physique et mentale n’était pas non plus en accord avec qui je suis.
“Etre une blédarde n’était pas facile au début, je souffrais du racisme et de la moquerie à propos de mon accent”
Néanmoins, j’ai décidé d’être le changement que je voulais voir, d’apporter de la couleur, de l’amour, de la blédardise – être une blédarde n’était pas facile au début, je souffrais du racisme et de la moquerie à propos de mon accent.
J’ai alors arrêté de vouloir me fondre dans la masse et j’ai compris que tout cela était ma richesse. Aujourd’hui, Instagram est une part de mon CV en tant que danseuse, mais pas que !
“Je suis un couteau suisse passionné par la danse, la mode, la musique”
Je suis un couteau suisse passionné par la danse, la mode, la musique, le host acting [performances lors d’événements télé], et je n’ai pas à choisir. Je veux être un exemple pour les petites filles qui ont des rêves et qui veulent réussir.
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