Dose One, Why et Odd Nosdam font partie du collectif Anticon. Ces remixeurs sont spécialisés dans la redécoration féroce, à seule base de peinture noire. Ils se présentent sous leur vrai visage tendu, sévère sur l’impensable The Anticon Giga single, dix-sept titres en 63 minutes. Anticon comme anticonquistadors, mais aussi comme anticonformiste ou presque comme […]
Dose One, Why et Odd Nosdam font partie du collectif Anticon. Ces remixeurs sont spécialisés dans la redécoration féroce, à seule base de peinture noire. Ils se présentent sous leur vrai visage tendu, sévère sur l’impensable The Anticon Giga single, dix-sept titres en 63 minutes. Anticon comme anticonquistadors, mais aussi comme anticonformiste ou presque comme anticorps réflexe naturel d’un hip-hop menacé de léthargie, d’épuisement. Anticon, aussi, comme une réponse aux guerriers new-yorkais d’Infesticons, leurs faux-frères emmenés par l’intelligentsia Côte Est (Saul Williams, Company Flow, Mike Ladd, Anti-Pop Consortium). Avec sa quinzaine d’électrons libres recensés, cette « famille dysfonctionnelle » fascine bien évidemment quand elle réussit à parler d’une seule voix, un miracle accompli sur le soufflant We ain’t fessin. Mais les alliances et clans qu’elle abrite en son sein ont beau se faire et se défaire, un esprit de famille demeure, un ton persiste : sombre, menaçant, étouffant, lent et malade et aussi comique, quand le groupe sample le Muppet Show. Dans cette noirceur régulièrement captivante, on retiendra particulièrement la mélancolie douceâtre de Pedestrian for vessel, l’insensé You’ll know where your plane is (rencontre impossible entre Daniel Johnson et Blackalicious), l’opérap cintré de A.d.d. ou le
voluptueux Inherited scars. On pourrait, au hasard, citer chacun des dix-sept titres enthousiasmant de cette merveille. On est ici dans un tel degré d’insoumission qu’on ne peut plus parler de hip-hop mais de dissipe-hop.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}