En fondant les Wings un an environ après la fin des Beatles, soit en s’armant d’une équipe de seconds couteaux aux bouts arrondis à la place des fines épées qu’il avait fréquenté jusqu’ici, Macca fit un bras d’honneur remarquable à l’adresse de tous ceux qui l’accusaient de crever d’ambitions personnelles. Au contraire, avec les Wings […]
En fondant les Wings un an environ après la fin des Beatles, soit en s’armant d’une équipe de seconds couteaux aux bouts arrondis à la place des fines épées qu’il avait fréquenté jusqu’ici, Macca fit un bras d’honneur remarquable à l’adresse de tous ceux qui l’accusaient de crever d’ambitions personnelles. Au contraire, avec les Wings McCartney n’aspira qu’à la douceur d’une vie normale, familiale et conviviale, dégagée des obligations d’excellence et d’un héritage trop lourd à porter seul. Bien sûr, comparé à l’or fin des Beatles, les chansons poids plumes des Wings font gentiment ricaner. Wingspan, double-compilation qui sert de bande-son à un documentaire sur la carrière post-Beatles de McCartney, retrace à la loupe ce chemin buissonnier parcouru la fleur aux dents et l’insouciance aux lèvres, enchaînant les meilleures rengaines des Wings (les moins pires) et quelques perles cachées de ce répertoire sans prétention (Daytime nightime suffering). Mais derrière cette façade en trompe-l’œil se dissimule un inventaire du meilleur de McCartney en solo. Sous-estimés en leur temps, le semi chef-d’œuvre McCartney et l’authentique chef-d’œuvre Ram se retrouvent largement revisités ici (les admirables Maybe I’m amazed, Junk, Uncle Albert/Admiral Halsey, The Back seat of my car), tout comme renaissent de leurs cendres oubliées quelques merveilles isolées et plus tardives ? Waterfalls ou Pipes of peace.