Le président français était ce mardi à New York pour la 67e Assemblée générale des Nations unies. Appel à une réforme du Conseil de sécurité des Nations unies comme l’avait souhaité Jacques Chirac en 1995, urgence à intervenir en Syrie et au Mali notamment, instauration d’une taxe sur les transactions financières. Un discours classique, mais un ton volontariste.
Là où Barack Obama a marqué l’assemblée générale en commençant son allocution par l’histoire de l’ambassadeur américain Chris Stevens tué à Benghazi, soulignant qu’avant sa mort, il travaillait à la restauration d’un centre culturel et d’un hôpital, François Hollande a choisi une tonalité plus classique pour son premier discours devant l’Assemblée générale des Nations Unies.
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Le président français a ainsi rappelé ce que représentait l’Onu dans l’histoire puis a rappelé « les valeurs qui n’appartiennent à aucun peuple, à aucune faction de la population » et « que la France a toujours proclamées et défendues : la paix, la justice, le progrès et la solidarité », avant de citer « des droits qui sont ceux de tout être humain : la liberté, la sûreté, la résistance à l’oppression ». Des valeurs et des droits « trop souvent bafoués », a jugé François Hollande, insistant sur l’importance des Nations unies pour trouver des réponses « justes et fortes » aux crises : « la menace du fanatisme », « l’économie mondiale affectée par la crise », « le dérèglement du climat ». « Sans la jusice, la force est aveugle. Sans la force, la justice est impuissante », a expliqué François Hollande. Une posture très classique du Président français héraut des droits de l’homme.
Dès lors, faute d’avoir une grande marge de manœuvre, Hollande a joué sur la forme, utilisant un ton volontariste et ferme pour parler de la Syrie, de l’Iran et du Mali et insistant sur l’urgence qu’il y avait à agir. Retrouvant des intonations de sa campagne, François Hollande s’est donc prononcé pour une réforme du Conseil de Sécurité. Vœu pieu ? En tout cas, le propos lui permet d’obtenir les applaudissements de la salle et d’apparaître dans la droite ligne de ses prédécesseurs.
« Nous savons ce qui menace notre organisation : l’indécision, la lourdeur des procédures, l’enlisement, l’impuissance face à des périls qui eux n’attendent pas », clame François Hollande.
Un appel clair à une réforme de la gouvernance de l’Onu quand la Chine et la Russie ont opposé leur droit de véto à une résolution du Conseil de sécurité condamnant la répression sanglante en Syrie.
Comme Chirac, Hollande prône l’élargissement du Conseil
Le chef de l’État se prononce fermement en faveur d’un élargissement du Conseil au-delà des cinq membres permanents.
« Le Conseil doit mieux refléter les équilibres du monde d’aujourd’hui. C’est pourquoi la France soutient la demande d’élargissement formulée par l’Allemagne, le Japon, l’Inde et le Brésil », a-t-il expliqué, ajoutant que la France était aussi favorable « à une présence accrue de l’Afrique y compris parmi les membres permanents ».
La demande d’élargissement du Conseil de sécurité revient régulièrement dans le débat français. Elle avait déjà été portée par le président Chirac, en 1995. A l’époque, il avait souhaité que le Conseil accueille notamment l’Allemagne : « Rendons plus représentatif le Conseil de sécurité en élargissant le cercle de ses membres permanents à l’Allemagne, au Japon et à quelques grands États du Sud », avait à l’époque lancé Jacques Chirac au moment du cinquantième anniversaire de l’institution. « C’est un vieux débat », admet d’ailleurs François Hollande lors d’une conférence de presse qui suit son allocution à l’Onu. En ajoutant : « Est-ce que nous pouvons arriver tout de suite à cet objectif » d’élargissement ou « envisager des phases transitoires ? » Et de conclure : « Le pire serait de rester à l’état actuel ».
Agir, agir, agir
Car pour François Hollande, il y a « urgence » à agir. C’est bien là le véritable leitmotiv de son allocution : « Agir pour prendre nos responsabilités », « agir ensemble », « agir encore et toujours », « agir vite, car il y a urgence ». « L’urgence c’est d’abord la Syrie (…). Comment admettre cette paralysie de l’Onu ? » Avec un appel pour que les Nations unies accordent « au peuple syrien tout le soutien qu’il nous demande et protègent les zones libérées, en assurant une aide humanitaire pour les réfugiés ». Avec une assurance à la reconnaissance par la France du « gouvernement provisoire, représentatif de la Syrie libre lorsqu’il sera formé ». Et une volonté de nouvelles sanctions contre l’Iran en cas de non résolution de la crise. « Nous sommes prêts à de nouvelles sanctions », a-t-il lancé à la tribune.
Outre sa volonté « de trouver une issue au conflit israélo-palestinien », « l’urgence, c’est enfin le Sahel », ajoute François Hollande sous quelques applaudissements. « Il est urgent d’aider les États de la région à trouver ensemble une réponse politique, économique et humanitaire. » Et d’ajouter que la France « soutiendra les initiatives que prendront les Africains » sur la base d’une résolution du Conseil de sécurité de l’Onu, « pour permettre au Mali de retrouver son intégrité territoriale ». Mais, prend-il bien soin d’énoncer en conférence de presse, le soutien ne peut-être que « politique, logistique et matériel ». « C’est aux Africains de mener l’intervention et la reconquête du Mali ».
Enfin, François Hollande annonce que la France est disponible pour accueillir en 2015 « la conférence des parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques » et surtout appelle à regarder « franchement la réalité ». Retrouvant les intonations qu’il avait pendant la campagne, il a donc lancé un appel à des « financements innovants » pour donner tous les moyens « à nos organisations pour lutter contre le sida, contre le paludisme » au moment où les contraintes budgétaires des États pèsent sur les ressources accordées aux Nations unies.
S’inspirant du succès d’Unitaid, financé par une taxe sur les billets d’avion, porté par Jacques Chirac auquel François Hollande a ensuite rendu hommage pendant la conférence de presse, le président a plaidé pendant son discours « pour l’instauration d’une taxe sur les transactions financières, afin que les mouvements des capitaux, qui profitent de la mondialisation, contribuent en retour au développement et à la lutte contre les pandémies », insistant sur la lutte contre le sida et le paludisme. Une idée qui n’est pas sans rappeler le combat de Philippe Douste-Blazy, l’ex-ministre français à la tête de l’Unitaid et présent dans la salle de la conférence de presse du président français. Hollande reprend l’idée à son compte :
« La France s’est dotée de cette taxe (…). J’invite tous les pays à faire de même pour construire la mondialisation de la solidarité. »
François Hollande a conclu son discours en revenant sur le combat de la France pour l’abolition de la peine de mort et la dépénalisation mondiale de l’homosexualité. Un thème qu’il n’a pas développé faute de temps.
Marion Mourgue, envoyée spéciale à New York
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