La matière première des Ethiopiques enfin rééditée dans son écrin d’origine.
Divinisé par les rastas jamaïcains, Haïlé Sélassié l’était moins par la jeunesse qui vivait sous sa coupe et aspirait à s’ouvrir au monde. Dans l’Ethiopie des années 1960, seuls les disques de musique traditionnelle étaient autorisés et tout emprunt au rock ou à la soul était banni. Bravant la censure, Amha Eshèté décida de monter en 1968 son propre label de contrebande, Amha Records. Avant que le pays ne sombre dans la dictature du Derg, Eshèté réussira à publier quantité de 45t, quelques lp et cinq volumes d’Ethiopian Hit Parade, dont le premier est enfin réédité aujourd’hui.
Si l’essentiel de cette matière clandestine nous était déjà parvenue grâce aux lumineuses Ethiopiques de Buda Musique, il n’en est pas moins émouvant de les redécouvrir dans leur premier écrin. La fièvre de la transgression, le choix de la modernité comme va-tout palpitent ici, dans les mystérieux susurrements de Girma Bèyènè (de retour ces jours-ci avec l’excellent Mistakes on Purpose, vol. 30 des Ethiopiques) comme dans le r’n’b insouciant de Tèshomè Meteku, dans les vocalises très pures de Muluqèn Mèllèssè comme dans le swing tribal de Mulatu Astatqé