Anti-star mythique du jazz californien, le saxophoniste Anthony Ortega, signe un disque à son image : fragile, libre, lyrique et imperceptiblement décalé.Car ce qui finalement rend la musique d’Ortega si précieuse et inimitable c’est bien cette façon qu’a depuis toujours le musicien, de se tenir constamment sur le fil ? passant avec un égal bonheur […]
Anti-star mythique du jazz californien, le saxophoniste Anthony Ortega, signe un disque à son image : fragile, libre, lyrique et imperceptiblement décalé.
Car ce qui finalement rend la musique d’Ortega si précieuse et inimitable c’est bien cette façon qu’a depuis toujours le musicien, de se tenir constamment sur le fil ? passant avec un égal bonheur d’un jazz cool, mesuré, sophistiqué et délicat, dans la suave tradition west-coast à une musique plus aventureuse et délicieusement instable, tentée par les propositions avant-gardistes en tout genre (du jazz le plus radicalement libre aux expérimentations formalistes du fameux « troisième courant »).
Aujourd’hui, à bientôt 73 ans, Ortega se fait de plus en plus rare. Ce nouveau disque, constamment inventif, enregistré en trio, sans contrebasse, avec Mike Wofford au piano et surtout Joe LaBarbera, à la batterie, mélodique, feutré, puissant ? nous rassure sur l’éternelle fraîcheur de ses propositions. À partir de standards immortels, le vieux saxophoniste, sur un mode intimiste, propose comme un condensé de sa manière inimitable : une musique toujours résolument ancrée dans la tradition bebop (rythmique, harmonique), fidèle à des structures simples, « lisibles », comme pour mieux affirmer sa radicale liberté de traitement ? utilisant ces motifs conventionnels pour les subvertir en douceur, jouant sur la sensation de flux, pour, en une série de micro-ruptures, imperceptiblement faire perdre les repères et glisser vers l’atonalité, l’instabilité des sentiments. C’est dans ce lien secret entre abstraction et lyrisme que se situe l’art confidentiel d’Anthony Ortega.
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