Tristement, beaucoup écouteront cet album avec les oreilles déformées par un solide a priori sur Les Valentins : un duo brillantissime sur les disques des autres mais peinant à la tâche lorsque livré à lui-même. L’album, en plus, s’appelle Juke box. Comme une machine qui redistribue à la demande ce qu’on lui a mis dans […]
Tristement, beaucoup écouteront cet album avec les oreilles déformées par un solide a priori sur Les Valentins : un duo brillantissime sur les disques des autres mais peinant à la tâche lorsque livré à lui-même. L’album, en plus, s’appelle Juke box. Comme une machine qui redistribue à la demande ce qu’on lui a mis dans le buffet, ce disque ressasserait une jolie collection de chansons pop classiques, empruntant leurs idées aux artistes auxquels Les Valentins ont filé un sérieux coup de main : la majesté d’un orchestre symphonique dirigé par Will Malone (croisé pendant l’enregistrement du Corps et ârmes de Daho), quelques grands travaux d’architecture musicale inspirés par le Fantaisie militaire de Bashung (sur lequel Les Valentins ont trimé), des astuces de chant apprises au contact de Françoise Hardy…
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C’est ici qu’il faut tout reprendre à zéro, tant Juke box n’a rien à voir avec les textes proprets de leurs deux premiers disques, ni avec le romantisme du cauchemardesque Ego ego. Les mots des Valentins ont changé de dictionnaire, de poésie et de sens. Décoincés, ils assènent en pleine tête la véritable identité de ce duo traumatisé par des années de cache-cache avec lui-même. A l’origine de cette métamorphose, il y a une femme : Eleonore Weber, qui a offert cinq textes aux Valentins, dont ce Nos mères terrible. Elle les a exhortés malgré elle à une révolution intérieure, à une révélation.
Dans la foulée, les boulets du passé valsent et Edith Fambuena transforme ses chansons en pages de son journal intime. C’est en suivant cette voix qu’on traverse ce Juke box, une voix fascinante qui vampiriserait presque la subtile instrumentation, dominée par une association piano-guitare-cordes. Souvent marquées par d’évidentes influences le Bowie de l’aube seventies, le Daho crépusculaire de Corps et ârmes ou les nuits blanches de Bashung , elles finissent toujours par s’affranchir pour affirmer une belle personnalité dans des contours jazzy (Etretat) ou le minimalisme de claviers vacillants montés en fragiles carrousels.
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