Suite à la censure facebookienne d’une oeuvre de Rubens pour cause de nudité, la Maison Rubens à Anvers a organisé sa riposte en vidéo. Tournant en dérision la politique de modération du réseau social, le musée répond à l’absurde par l’absurde. Œil pour œil, dent pour dent.
En mars dernier déjà, la politique de modération du réseau social Facebook, consistant à censurer les clichés comprenant de la nudité, avait pris pour cible la Vénus de Willendorf du Musée d’Histoire naturelle de Vienne. A cette statuette en calcaire datant du paléolithique succède la Descente de la Croix de Pierre Paul Rubens, partie centrale d’un triptyque réalisé par le maître flamand entre 1612 et 1614. Qu’y voit-on qui justifierait la suppression arbitraire par Facebook du cliché représentant ce tableau ? Précisément rien, puisque de nudité il n’est même pas question : le Christ est descendu de la croix vêtu d’un linge autour de la taille.
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La belle réponse de la Maison Rubens
En réponse à la censure, la Maison Rubens – soutenue par plusieurs institutions et personnalités du monde culturel – a adressé une lettre ouverte au fondateur de Facebook Mark Zuckerberg, dénonçant l’improductivité d’une telle démarche face à la promotion d’un patrimoine culturel centenaire. Mieux encore, le musée a mis en scène une parodie de cette censure, au sein de ses salles d’exposition. Dans une vidéo réjouissante aux allures de farce policière, les gardiens de l’institution déguisés en censeurs facebookiens éloignent les visiteurs des toiles comprenant de la nudité. « C’est pour votre propre protection« , arguent-ils sous les yeux rieurs ou médusés de leurs victimes culturelles.
Une réponse par l’absurde à une politique de modération qui ne l’est pas moins. Dans ses conditions d’utilisation, le réseau social exclut pourtant les photos de « peintures, sculptures et autres œuvres d’art » des sanctions applicables aux clichés contenant de la nudité. Face à la dérive d’un système de contrôle trop zélé, la Maison Rubens fait de sa contre-attaque humoristique un outil promotionnel efficace, enjoignant ses spectateurs à venir admirer les maîtres flamands « in all their glory« . Elle aurait tort de s’en priver, même si le débat reste entier.
S’agissant des œuvres d’art comme des photographies anonymes, la virulence du système de censure pour nudité de Facebook contraint ses utilisateurs à une prudence inconsidérée. Surtout, elle dessine en filigrane les traits d’une iconothèque mondiale aseptisée, vidée de ses plus importants repères culturels, et conduisant à un conformisme du regard bien dérangeant. Comme nos amis belges, on préférera en rire : signe que la torpeur puritaine n’a pas encore tout gagné !
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