Cette semaine sera marquée par le onzième album solo d’une légende, Morrissey, le disque hybride de Boubacar Traoré entre Amérique et Afrique, les élans soul d’une grande dame du genre, Mavis Staples, et le retour de deux grands de la chanson française, celui d’Étienne Daho, et de Charlotte Gainsbourg, qui ose enfin chanter dans la langue de Molière.
Morrissey – Low In High School
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Il y a quelques semaines, The Queen Is Dead, album culte d’un groupe qui l’est tout autant, The Smiths, avait le droit à sa réédition. Hasard du calendrier ou timing calculé, Morrissey, leader de la formation la plus iconique de Manchester, est de retour (lui aussi) avec son onzième album solo Low In High School, en partie enregistré dans les mythiques studios romains d’Ennio Morricone. Pour ce nouveau long format, le vétéran a fait appel à la quasi même bande de World Peace Is None of Your Business, album qu’il publiait à l’orée de l’été 2014. Logiquement, on retrouve la double touche du producteur américain Joe Chiccarelli, sur les premiers titres du disque, où, respectivement, guitares et synthés s’imposent (My Love, I’d Do Anything for You ; I Wish You Lonely). La suite est plus pop, avec le titre Jacky’s Only Happy When She’s up on Stage, plus délicate sur In Your Lap ou Spent the Day in Bed, même plus sombre avec I Bury the Living – la plus longue piste de l’album, qu’on écoute d’ailleurs tout de suite :
À écouter sur Apple Music.
Boubacar Traoré – Dounia Tabolo
Dans un Mali qui gagnait son indépendance aux débuts des années 60, un rockeur et guitariste chevronné, Karkar, se faisait connaître à l’aide de ses chansons (on pense à Mali Twist, un véritable hymne) qui squattaient les ondes des radios nationales (à défaut d’avoir étés enregistrées en studio…) Des décennies plus tard, Karkar est redevenu Boubacar Traoré, son rock s’est lui mué en blues. À maintenant 70 ans, l’artiste s’est envolé au pays du blues, la Louisiane, pour enregistrer son dernier disque, Dounia Tabolo, et ainsi complété sa discographie (déjà) conséquente. Accompagné par ses proches musiciens Vicent Bucher à l’harmonica et Allassane Samaké aux percussions, par de nouveau venus aussi, dont le guitariste blues Corey Harris, Boubacar Traoré livre avec ce disque, un parfait mélange entre le blues américain et la musique de l’Afrique de l’Ouest. Boubacar Traoré sera en concert au New Morning de Paris, les 13 & 14 décembre.
À écouter sur Apple Music.
Marvis Staples – If All I Was Was Black
Après le blues, vient la soul, représenté par l’un de ses plus fidèles porte-drapeaux, la chanteuse Mavis Staples. À presque 80 ans, la soul woman nous gratifie d’un nouveau disque If All I Was Was Black, exclusivement composé de titres originaux (pour être précis, il y en a 10) et enregistré avec Jeff Tweedy (dont le nom apparaît d’ailleurs, sous un “featuring” dans la quatrième chanson de l’album, Ain’t No Doubt About It), l’actuel leader de la formation Wilco. Ce dernier long format, esquisse un portrait de l’Amérique du moment, certes anti-Trump (ce qui est devenu coutume depuis son élection), mais surtout, rempli de messages d’amour. Notre préféré, We Go High – “When they go low” -, petit bijou, en écoute juste ci-dessous :
À écouter sur Apple Music.
Étienne Daho – Blitz
C’est vêtu de cuir et laissant échapper les volutes d’une cigarette, que l’on découvrait Daho, en train de poser sur la pochette de son dernier disque. Un cliché signé Pari Dukovic, qui rappelle le film de 1963, Scorpio Rising. Une image dure, en totale rupture d’avec son single doux, beau et planant, Les Flocons de l’été, que l’artiste sortait début septembre. Car, oui, le disque se veut plus psychédélique, en même temps, il fallait s’y attendre avec ce nom, Blitz, qui en plus d’être une référence historique tragique (période de bombardement de la Grande-Bretagne par l’aviation allemande en 1940), est un synonyme d’éclair. D’histoire, il en est justement question sur le titre Hôtel des Infidèles, qui dépeint le quotidien d’une troupe de résistants. On reste dans le thème, celui de la guerre, avec Après le Blitz, chanson brûlante et inquiétante, où le jeune producteur Flavien Berger se joint au chanteur. Retour réussi et homogène pour Colonnel Daho, qui dans le cadre de son Bliztour, sera en concert à l’Olympia de Paris, ou encore à Annecy.
À écouter sur Apple Music.
Charlotte Gainsbourg – Rest
“Premier appel originel / Premier baiser, purement maternel ” sont les vers d’ouverture du magnifique disque de Charlotte Gainsbourg. Très beaux et poétiques, ces mots sont surtout chantés en français : une grande nouveauté dans la carrière de la digne héritière de Serge (Dieu), le père. Oui, la fille ose même parler de son paternel, dans une chanson qui serre le cœur et glace le sang, Lying With You, qui dans un sens, fait aussi écho au Lemon Incest de 1985 : “Laisse-moi donc imaginer / Que j’étais seule à t’aimer / D’un amour pur de fille chérie /Pauvre pantin transie / Où est parti mon baiser / Quand le coffre s’est fermé ”. La mort, il en est une autre fois question dans la chanson suivante, Kate, où la voix douce de Charlotte, ose évoquer la disparition de sa demi-sœur, parti en 2013. Malgré tout, la chanteuse à la voix de velours est là, toujours guidée par cette force incroyable de créer, qui l’a d’ailleurs menée vers d’autres artistes pour la confection de cet album : le producteur Sébastian (en tête), Paul McCartney, Owen Pallett, Émile Sornin (Forever Pavot) ou encore Vincent Taeger (Poni Hoax). Les initiales B.B. sont définitivement en train de devenir initiales C.G. .
À écouter sur Apple Music.
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