L’échec des négociations entre les trois partis allemands – CSU, Verts, FDP – pour former une gouvernement va-t-il pousser Angela Merkel vers la sortie ?
Après des semaines de négociations, de tensions et de nuits blanches, le retrait du FDP, le parti libéral, a sifflé la fin du match ce dimanche 19 novembre. Les négociations réunissant les trois partis allemands qui tentaient de former un gouvernement après les élections législatives de la fin septembre ont échoué. Le CSU/CDU de Merkel, le FDP (libéraux), et les Verts n’ont pas réussi à surmonter leurs divergences. La coalition dite « jamaïcaine » du fait des trois couleurs, respectivement noir, jaune et vert pour les trois partis n’existera donc pas.
Cette situation est inédite en Allemagne depuis 1949 : le pays n’a pas de majorité pour être gouverné. Les divergences entre les intervenants politiques ont finalement fait exploser le processus. Les deux causes principales de cet échec : l’immigration pour les libéraux, et la politique énergétique pour les Verts.
Immigration : des exigences inacceptables pour les Verts
La CSU exigeait la fixation à 200 000 personnes le nombre maximum des demandeurs d’asile chaque année en Allemagne et l’interdiction du regroupement familial pour certains réfugiés. Or, aux yeux des Verts, ces exigences sont inacceptables. Les écologistes estimaient avoir fait pour leur part de nombreuses concessions en renonçant à l’interdiction des véhicules à moteur à explosion en 2030 et à leur projet de taxe sur le diesel, puis baisser leurs exigences en matière de fermeture des centrales à charbon.
“La méthode Merkel – un pragmatisme sans limite et une flexibilité idéologique maximale – est arrivée à sa fin »
En Allemagne, les critiques visent en particulier les libéraux, les accusant d’avoir fait échouer les négociations à dessein à des fins électoralistes. L’échec de la coalition va sans doute provoquer la tenue de nouvelles élections législatives en 2018. Une mauvaise nouvelle de plus pour Angela Merkel qui avait vu, lors du précédent scrutin en septembre, son parti réaliser le plus mauvais score de son histoire alors que l’inquiétant part d’extrême droite Altenative pour l’Allemagne (AfD) avait fait une percée inattendue.
“Le moment Brexit allemand, son moment Trump”
La chancelière a promis de “tout faire pour que ce pays soit bien dirigé au cours des difficiles semaines à venir”, mais cette situation affaiblit encore sa position au sein même de son parti, dont certains membres lui reprochent sa politique trop “laxiste” envers l’immigration, dans laquelle ils voient la cause de l’émergence de l’AfD.
Selon un sondage, 61 % des électeurs allemands pensent que Merkel ne peut rester chancelière si elle échoue à former sa coalition « jamaïcaine ». https://t.co/kR8s1xPgFE
— Thomas Wieder (@ThomasWieder) November 18, 2017
Est-ce la fin de la carrière d’Angela au pouvoir depuis 2005 ? Les Allemands semblent la tenir responsable de cette crise de gouvernance inédite pour le pays, fervent partisan du compromis politique et selon un sondage 61 % estiment qu’elle ne peut rester chancelière dans ces conditions. Le grand journal Der Spiegel estime que le pays est confronté à son « moment Brexit allemand, son moment (Donald) Trump ». et poursuit “C’est son échec, cela montre que la méthode Merkel — un pragmatisme sans limite et une flexibilité idéologique maximale – est arrivée à sa fin », poursuit le Spiegel.