Au lieu de financer des projets culturels ou professionnels, Humaid offre depuis bientôt un an une nouvelle fonction au crowdfunding. Le site permet de donner pour aider des personnes sur des problématiques médicales ou de logement. Une façon intelligente de soutenir son prochain.
Pierre Durand, cofondateur d’Humaid, nous explique l’origine du nom de cette belle initiative : « C’est la contraction des mots ‘humain’ et ‘aide’. Sous la forme anglo-saxonne, cela donne ‘You Made’, qu’on peut traduire par ‘Tu as participé, tu l’as fait’… Tu as participé à changer le cours d’une vie. » Toute une philosophie. Cette plate-forme voit le jour en octobre 2015, grâce à l’association de deux amis : « Frédéric et moi avons des parcours professionnels éloignés des structures ou économies solidaires. Pour des motifs différents, nous avons décidé d’arrêter nos carrières et de nous consacrer à ce projet né d’un constat. Nous nous connaissions depuis quinze ans et avions un ami atteint d’une maladie dégénérative de la colonne vertébrale qui avait des besoins importants en appareillage et en fauteuil roulant. Seuls 50% de son matériel étaient remboursés et il n’avait pas les moyens de financer le reste. Nous nous sommes rendu compte que beaucoup de Français renonçaient aux soins pour des questions financières. Sur le logement en France, nous avons les mêmes problématiques : plus de 3 millions de personnes sont actuellement mal logées… » Est-ce une manière de mettre en lumière les problèmes de la société envers les personnes en difficulté ? « Beaucoup de moyens existent et c’est très bien, mais c’est parfois insuffisant. Et cela ne va pas aller en s’améliorant : l’Etat ne peut financer tous les besoins. Il faut trouver des solutions complémentaires et non alternatives. Le financement participatif peut en être une. »
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Depuis le début, plus d’une douzaine de projets ont été financés : comment sont-ils choisis ? « Notre idée n’était pas d’être une plate-forme de financement participatif où chacun peut proposer un projet. Nous devons nous assurer que les personnes ont fait toutes les démarches et qu’elles n’ont pas d’autres solutions. Nous avons donc contacté plusieurs associations pour travailler en collaboration. Elles sont capables de dire : ‘Oui, il y a une solution’ ou ‘Non, il n’y en a pas’, et nous transmettent ensuite les projets. » Car l’objectif, en plus de proposer une nouvelle expérience du don, est de s’assurer qu’il va à la bonne personne : « Tous les projets qui sont mis sur la plate-forme sont viables, validés par les associations mais aussi en interne par un comité d’éthique, composé d’associations ou d’élus locaux. Les fonds, chez nous, ne sont pas non plus reversés au bénéficiaire, mais au prestataire. Nous veillons vraiment à ce qu‘ils soient reversés correctement. » Et combien peuvent-ils récolter pour chaque projet ? « Les sommes varient. L’idée n’est pas de donner de faux espoirs : on ne peut pas financer pour le moment à hauteur de 40 000 ou 50 000 euros. Nous tournons actuellement entre 600 et 7780 euros. »
Pour le moment, l’intégralité des projets a été financée par plus d’un millier de donateurs. Un beau succès. Mais quel est leur profil ? » Une campagne est déjà financée par le premier cercle, les proches. Le deuxième cercle sont les amis de vos amis et c’est ensuite le troisième cercle, les gens qui ne vous connaissent pas mais qui ont entendu parler du projet. Maintenant, il existe des personnes isolées : nous avons pour elles développé une communauté de parrains. Plus d’une trentaine sont actuellement engagés et font appel à leurs réseaux pour aider les différents projets. »
Et Humaid n’a pas fini de se développer : « C’est un projet assez novateur, l’idée était d’abord de valider le concept. On voit que ça marche. Nous voulons donc augmenter le nombre de projets et de partenaires associatifs. Nous voulons aussi ouvrir la plate-forme aux entreprises en tant que donateurs. Quand un donateur va donner un euro, l’entreprise partenaire va donner la même somme. » Car c’est cette expérience du don qui est importante : « On sait où va l’argent, on connaît l’impact du don sur la vie de la personne : c’est le cœur de Humaid.» Un cœur qui n’est pas près de s’arrêter de battre.
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