Matteo Salvini, le ministre de l’Intérieur d’extrême droite italien, a porté plainte contre son plus virulent critique vendredi 20 juillet, l’écrivain et journaliste Roberto Saviano.
Le torchon brûle entre ces deux figures publiques italiennes. En cause : la politique migratoire très dure du gouvernement Di Maio-Salvini, que le célèbre auteur de Gomorra (2006) Roberto Saviano avait attaquée avec virulence pour son manque criant d’humanité dans les pages du Monde le 6 juin dernier.
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Ministro della Mala Vita, sui morti in mare parla di “bugie e insulti”, ma con quale coraggio? Confessi piuttosto: quanto piacere le dà – lei direbbe “da padre”- veder morire bimbi innocenti in mare? @matteosalvinimi, Ministro della Mala Vita, l’odio che ha seminato la travolgerà pic.twitter.com/z6PfhVJq8Y
— Roberto Saviano (@robertosaviano) July 17, 2018
Le sang de l’homme fort de la Ligue du Nord, Matteo Salvini, n’avait fait qu’un tour : il a menacé de retirer la protection policière de l’écrivain, nécessaire à sa survie depuis la publication de Gomorra, dans lequel il a levé le voile sur le fonctionnement de la mafia napolitaine et est devenu dans la foulée persona non grata de cette dernière.
« Bouffon » de la « Mala Vita »
Roberto Saviano, peu impressionnable, avait rétorqué à Matteo Salvini : « Tu crois que j’ai peur de toi ? Bouffon ! » puis avait réitéré ses critiques à l’encontre du ministre de l’Intérieur d’extrême droite sur les réseaux sociaux et dans la presse étrangère, dont les Inrockuptibles, auxquels il avait déclaré que « si sauver des vies humaines implique de désobéir à des lois inhumaines, nous devons le faire”.
Ho querelato Saviano, come promesso.
Accetto ogni critica, ma non permetto a nessuno di dire che io aiuto la mafia, una merda che combatto con tutte le mie forze, o di dire che sono felice se muore un bambino.
Quando è troppo, è troppo.
Baci😘.— Matteo Salvini (@matteosalvinimi) July 19, 2018
Le 17 juillet dernier, l’homme de plume italien a tweeté une photo d’une mère et son enfant mort en mer avec pour légende : « Le Ministre de Mala Vita [mauvaise vie, surnom pour parler des pratiques au sein de la mafia] parle de ‘mensonges et de calomnies’ quand il s’agit des personnes mortes en mer, mais avec quel courage ? Avoue plutôt : quel plaisir , toi qui te dis ‘père’, ressens-tu à la vue d’enfants innocents qui meurent en mer ? Matteo Salvini, ministre de Mala Vita, tu as semé la haine ».
« Bisous »
Ce à quoi le ministre de la Mala Vita a rétorqué, le 19 juillet, par une plainte contre Roberto Saviano et à un tweet affirmant qu’« il a poursuivi Saviano, comme promis » : « J’accepte toutes les critiques, mais je ne permets à personne de dire que j’aide la mafia, une merde que je combats de toutes mes forces, ou de dire que je suis heureux si un enfant meurt. Quand c’est trop, c’est trop ». Avec culot, le ministre de l’Intérieur a terminé sa diatribe par « bisous », accompagné d’un emoji pas forcément adapté au sujet du destin tragique qu’un trop grand nombre de migrants connaissent en tentant de fuir leur pays et de rejoindre la Botte par la mer.
Il Ministro della Mala Vita si è deciso a querelarmi.Non ho ancora avuto comunicazione ufficiale,ma chiederò di essere interrogato perché non arretro davanti a un potere che ha paura delle voci critiche.Salvini in tribunale sarà chiamato a dire la verità.Esperienza per lui nuova. pic.twitter.com/6uU2baJCNP
— Roberto Saviano (@robertosaviano) July 19, 2018
Il en faudra plus pour impressionner Roberto Saviano, devenu entre temps la voix la plus critique de ce gouvernement qui ne connaît que très peu d’opposition. Dans un ultime pied-de-nez, l’écriavain se réfère encore une fois au « ministre de la Mala Vita » dans un tweet en date du 19 juillet : « Le ministre de la mauvaise vie a décidé de me poursuivre en justice, je n’ai pas encore eu de communication officielle, mais je demanderai à être entendu car je ne m’arrêterai pas devant un pouvoir qui a peur des voix critiques. Au tribunal, Salvini sera appelé à dire la vérité, une expérience nouvelle pour lui ».
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