La ministre de la Santé Agnès Buzyn a expliqué vouloir agir pour la “dénormalisation” de l’image du tabac dans la société, notamment auprès des jeunes. L’une des cibles de cette initiative pourrait être le cinéma français, la ministre indiquant ne pas comprendre “l’importance de la cigarette” sur grand écran.
Au moment où le gouvernement cherche à lutter contre le tabagisme, qui fait chaque année 80 000 morts en France, l’une des solutions pourrait être de s’attaquer à l’image du tabac, notamment celle qui lui est donnée au cinéma.
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Alors que le Sénat examinait le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, et notamment la mesure consistant à augmenter progressivement le prix du paquet de cigarette, la sénatrice PS Nadine Grelet-Certenais a profité de ce débat pour interpeller la ministre de la Santé Agnès Buzyn concernant la banalisation, voire la promotion, du tabac sur grand écran. Elle a ainsi affirmé :
“Il faut aller au-delà du porte-monnaie (…) en s’intéressant notamment aux incitations culturelles à fumer. Je pense par exemple au cinéma qui valorise la pratique. La Ligue contre le cancer démontre dans une étude que 70 % des nouveaux films français mettent à l’image au moins une fois une personne en train de fumer. Cela participe peu ou prou à banaliser l’usage, si ce n’est à le promouvoir, auprès des enfants et des adolescents, qui sont les premiers consommateurs de séries et de films, sur internet notamment. Des solutions doivent être envisagées pour mener une véritable politique de prévention prenant en compte cette sorte de publicité détournée pour la consommation de tabac.”
“Une action ferme sur l’image du tabac”
La ministre a répondu qu’elle partageait cet avis et que le second plan de réduction du tabagisme “va travailler sur le marketing social, sur les réseaux sociaux, à la dénormalisation de l’image du tabac dans la société, notamment vis-à-vis des jeunes. (…) Je veux qu’on ait une action ferme là-dessus.”
Agnès Buzyn ajoute qu’elle “ne comprend pas l’importance de la cigarette dans le cinéma français” avant d’expliquer en avoir parlé à la ministre de la Culture Françoise Nyssen, avec qui elle a estimé qu’il fallait “prendre des mesures” pour réduire la place donnée au tabac dans le cinéma.
De l’art de la censure
La loi Evin, qui vise à interdire la publicité pour le tabac dans les lieux publics, avait notamment entraîné en 2009 le retrait de la pipe fumée par M. Hulot sur l’affiche d’une exposition consacrée à Jacques Tati… au grand dam de Claude Evin lui-même.
Les actions que la ministre de la Santé évoque pourraient créer de nouveaux remous dans le milieu du cinéma, qui se verrait amputer d’une forme de liberté de création. Et poseraient aussi la question de la représentation d’autres drogues dans le septième art. Imagine-t-on un film d’Arnaud Desplechin où aucun personnage ne fume ?
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