Lors des dix dernières années, des plaintes de milliers de migrantes enfermées dans des centres de détention par les services d’immigration américains ont vu le jour. Des plaintes pour agressions sexuelles.
De 2013 à 2017, l’ICE (Services de l’Immigration et des Douanes aux Etats-Unis) a enregistré 1 300 plaintes pour abus et agressions sexuels sur des migrantes confinées dans les centres de détentions, chiffre dénoncé lors d’un reportage pour le New York Times.
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Seulement 1% ?
« Il a saisi ma poitrine… Il a mis ses mains dans mon pantalon et a touché mes parties intimes. […] Il m’a encore touchée dans le fourgon et j’avais les mains attachées. Et il a commencé à se masturber. », dénonce Maria, résidente du T.Don Hutto Residential Detention Center au Texas. C’était le jour de sa libération du Centre, elle devait rejoindre son frère à Washington alors que sa demande d’asile demeurait toujours en attente. Mais Maria n’est pas la seule a avoir été agressée par un membre de l’administration de ces organismes.
E.D est une jeune femme de 19 ans demandant l’asile et fuyant les violences et les viols de son partenaire au Honduras. En 2014, alors qu’elle était enfermée dans un centre de détention en Pennsylvanie avec son enfant de trois ans, elle aussi fut agressée sexuellement par un garde de l’établissement. Elle raconte : « Je ne savais pas comment dire non car il me disait que j’allais être expulsée. C’était dans une prison et, lui, était responsable chargé de la migration. C’est comme s’il vous ordonnait de faire quelque chose et que vous étiez obligé de le faire. »
Cependant, dans le reportage filmé par le New York Times, Philip Miller, ancien assistant au directeur exécutif adjoint à l’ICE se défend de toute accusation, prétendant que ces plaintes ne concerneraient, en réalité, que moins d’1% de la population des établissements en six ans. Seulement la situation de ces femmes est des plus précaires. Peuvent-elles vraiment se permettre de signaler un tel incident alors même que leur demande d’asile se trouve être, la plupart du temps, suspendue? C’est ce qu’explique Megan Mack au New York Times, examinatrice des dépôts de plaintes en charge des établissements comme ceux de l’ICE : « Souvent nous allions enquêter au sein d’un établissement et, les années passant, aucune plainte n’était prise en charge. », s’insurge-t-elle. En effet, le Service d’Immigration américain aurait estimé que plus de la moitié des rapports étaient peu concluants.
Une situation qui ne s’améliorera pas
Qui plus est, la situation ne tend pas à s’améliorer. A l’heure actuelle, le même Service compterait environ 200 établissements partout aux Etats-Unis. L’incarcération des migrants, depuis la prise de pouvoir de l’administration Trump, ne cesse d’augmenter et l’ICE déclare la possible création de 15 000 places supplémentaires afin d’y enfermer de nouvelles familles en attente de leur carte verte. Les réformes ayant débuté sous la présidence Obama concernant les politiques de l’ICE ont été réprimées et le Bureau en charge des politiques concernant les cas d’abus sexuels fut supprimé deux jours après la mise en place du gouvernement Trump.
L’ancien assistant directeur de l’ICE soutient pour The New York Times que le réel problème ne réside pas dans les politiques mais dans leur application sur place, au sein des centres. Néanmoins, ce sont toujours des situations où les femmes demeurent être des proies faciles : « Chaque fois que vous vous retrouvez avec une population particulièrement vulnérable, détenue dans un endroit aussi confiné, cela crée de nouvelles possibles agressions. », explique simplement Michelle Brané, directrice de la Women’s refugee Commission.
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