Après avoir déclaré qu’il n’avait pas plus de raisons de croire ses services de renseignement que son homologue russe, le président des Etats-Unis tente d’éteindre l’incendie.
« Traître », « antipatriotique », « laquais », « honte »… Elus, experts et éditorialistes ne manquent pas de vocabulaire pour décrire la position de Donald Trump lundi 16 juillet lors de son premier sommet à Helsinki, en Finlande, avec Vladimir Poutine. Depuis, le président américain tente de calmer la tempête. La raison ? Lors de la conférence de presse, il a expliqué qu’il n’avait pas plus de raisons de croire ses services de renseignement, qui enquêtent sur une probable ingérence russe dans les élections de 2016, que son homologue du Kremlin. « Le président Poutine vient de dire que ce n’était pas la Russie […]. Je ne vois pas pourquoi cela le serait », a-t-il ajouté. Un désaveu envers les services de renseignement américains qui ont pourtant affirmé le contraire à plusieurs reprises. Ces mots du président Trump ont alors déclenché un tollé outre-Atlantique, y compris dans son propre camp, obligeant le président américain à faire marche arrière ce mardi.
Condamnations en chaîne dans le camp républicain
« Cela ne fait aucun doute que la Russie est intervenue dans nos élections, et qu’elle continue à essayer de miner la démocratie ici et ailleurs. Le président doit être bien conscient que la Russie n’est pas notre alliée », a ainsi déclaré le leader des Républicains à la Chambre des représentants, Paul Ryan. Pour Newt Gringrich, son prédécesseur, il s’agit de la « faute la plus grave de sa présidence ». « Les Russes ne sont pas nos amis », a insisté Mitch McConnell, le chef de fil des Républicains au Sénat qui a ajouté « avoir toute confiance dans nos services de renseignement ».
Un communiqué publié par Daniel Coats, le directeur du renseignement national (et ancien sénateur républicain) montre bien que le torchon brule au sein même de l’administration Trump : « Nous avons été clairs dans notre évaluation de l’ingérence russe dans l’élection de 2016 et de leurs efforts pour saper notre démocratie et nous continuerons de fournir du renseignement objectif et sans fard en soutien à notre sécurité nationale ». « Aucun président américain ne s’était aplati de manière aussi abjecte devant un tyran », a réagi John McCain.
Marche-arrière
« Ses déclarations ont été si contraires aux objectifs de la politique américaine, si éloignées du reste de son administration et si inexplicables à tellement de niveaux qu’elles ont fait remonter une question qui suit M. Trump comme son ombre depuis longtemps : la Russie a-t-elle quelque chose sur lui ? », interroge le New York Times. Même Fox News, la chaîne conservatrice pro-Trump, a publié une tribune intitulée Ce n’est pas une manière de gagner contre la Russie où elle dénonce l’attitude du président : « Plutôt que de s’opposer à Poutine, Trump a proposé de coopérer avec la Russie sur les problèmes qu’elle a elle-même créés. C’est comme demander à un criminel d’enquêter sur ses propres crimes ».
Alors pour éteindre l’incendie, Donald Trump a fait une déclaration d’une quinzaine de minutes, ce mardi, dans laquelle il explique qu’on a tout simplement mal compris ce qu’il voulait dire, arguant très sérieusement qu’il ne fallait pas entendre comme il l’a dit « je ne vois aucune raison pour laquelle ce serait la Russie », mais plutôt « je ne vois aucune raison pour laquelle ce NE serait PAS la Russie ». « J’ai toutes confiance et je soutiens totalement les agences de renseignement américaine. J’accepte les conclusions des agences américaines de renseignement sur l’intrusion russe dans l’élection de 2016 », a-t-il ajouté.
President Trump: “I don’t see any reason why it wouldn’t be Russia… We are doing everything in our power to prevent Russian interference in 2018.” pic.twitter.com/ddJcGiJoGI
— The White House 45 Archived (@WhiteHouse45) July 17, 2018