Dans un message publié sur Facebook le 3 juin, le journaliste explique pourquoi il a participé à la manifestation interdite contre les violences policières.
Le 2 juin, dans le rassemblement de 20 000 personnes organisé par le Comité Justice et Vérité pour Adama Traoré contre les violences policières, un fils de CRS était présent : le journaliste Harry Roselmack. Celui-ci a expliqué dans un message posté sur Facebook les raisons de cet engagement (un message publié en intégralité sur la page Facebook de son film, Fractures).
“En tant que fils de CRS, j’ai un attachement affectif pour la police”
“En tant que citoyen, j’ai un respect de principe envers le travail des forces de l’ordre de mon pays. En tant que fils de CRS, j’ai un attachement affectif pour la police”, commence-t-il. Il explique alors la vision que son père avait de son métier, et la conscience qu’il avait de sa responsabilité : “Il était conscient de son rôle, du poids des armes dont il disposait pour l’exercer et de la responsabilité qui lui incombait. Mon père a toujours été fier d’être policier. J’ai toujours été fier de mon père.”
Il poursuit en faisant référence à Arnaud Beltrame, le gendarme qui s’était sacrifié en remplaçant volontairement un otage lors de l’attaque terroriste de Trèbes en 2018 : “Et pour moi, tous les policiers devraient être comme lui. Pour moi, tous les gendarmes devraient être comme Arnaud Beltrame.” Il continue son message en expliquant que, contrairement à ce que certains pourraient croire, ce n’est pas par haine de la police qu’il a manifesté : “J’ai une haute idée de nos forces de l’ordre. C’est pour cela que je suis allé manifester ce 2 juin à Paris contre les violences policières malgré l’interdiction. Une désobéissance civile assumée pour défendre la Justice, la Démocratie, les Victimes mais aussi la Police et la Gendarmerie dans lesquelles je veux croire encore.”
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“Défendre des mauvais éléments au sein de leurs corps, c’est les affaiblir”
Alors que le débat sur les violences policières est souvent présenté de manière binaire, avec des défenseurs chevronnés de la police qui sont dans le déni, il fait valoir les vertus d’une position rationnelle et honnête sur ce sujet : “Tous ceux qui estiment que la police et la gendarmerie doivent rester des gardiens de la paix et de la démocratie auraient dû venir, ou bien s’associer à cette manifestation. Pour moi, il ne s’agissait pas de manifester contre la police et la gendarmerie, bien au contraire. Ce que ne comprennent pas les ministres de l’Intérieur, la plupart des syndicats de police, les hiérarques de la gendarmerie c’est que défendre des mauvais éléments au sein de leurs corps, couvrir des erreurs, ce n’est pas défendre les corps en question. C’est les affaiblir.”
Il s’exprime ensuite sur l’impunité qui règne souvent lorsqu’il s’agit des forces de l’ordre : “Il y a au sein des forces de l’ordre des hommes et des femmes qui ne sont pas à la hauteur de leur tâche. Ces personnes, quand elles commettent des infractions, doivent être jugées et condamnées. Pour une suspicion de délit ou un crime, la qualité de policier, de gendarme, devrait toujours être une circonstance aggravante qui expose le suspect à une sanction plus lourde que le commun des justiciables.”
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Pour empêcher le racisme et la xénophobie
Il conclut en demandant que des réformes soient mises en œuvre pour que le racisme soit empêché dans la police : “Des réformes sont aussi nécessaires pour améliorer le profil éthique des forces de l’ordre : qu’est-ce qui est fait dans leur recrutement, leur formation, leur carrière pour s’assurer qu’un policier ou un gendarme ne cédera pas à une inclination raciste ou xénophobe ? Exiger cela, c’est faire honneur aux forces de l’ordre, à la responsabilité qui est la leur. Exiger l’exemplarité dans les enquêtes et les condamnations dans les affaires impliquant des policiers ou des gendarmes, c’est faire honneur à la démocratie.”
Après les paroles très fortes de Camélia Jordana, cette nouvelle prise de position témoigne d’une réforme nécessaire de la police, pour renouer un lien de confiance perdu avec les citoyen·nes.