Un livre raconte (et montre) la création du premiers gros festival français : Elixir.
C’était la préhistoire, le début des années 80. En France, le plus souvent, on ne pouvait que rêver, fantasmer sur les festivals anglo-saxons, déjà institutions pour certains. Il y avait bien entendu ici et là des envies, des actes d’inconscience pure – comment ne serait-ce qu’équilibrer les comptes de tels bazars ? –, comme les Transmusicales de Rennes ou, plus tôt encore, Loudéac, Popalia, Bourges ou le festival punk de Mont-de-Marsan.
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Mais les festivals, comme expérience de la musique autant que de la communauté, ne sont pas encore rentrés dans les mœurs françaises. Et les autorités locales font souvent tout pour décourager les promoteurs. Selon une logique souvent vérifiée, la révolution vient alors de Bretagne, réputée pour toujours posséder quelques coups d’avance en termes de musique sur le reste du pays. Elle aurait pu, pour les mêmes raisons, naître en Normandie. Les deux régions sont alors des terreaux fertiles pour la scène naissante et ses activistes de terrain : une tradition locale d’intimité avec la musique, comme la proximité de l’Angleterre et sa scène débordante, donnent des envies à une poignée de fans de rock frustrés par le statu quo.
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Avant de devenir un producteur de télé et de spectacles puissant et tentaculaire, Gérard Pont est de ceux-ci. En 1979, alors que germent ici et là d’autres projets de festivals d’ampleur (comme Pulsar à Vierzon), ils décident de faire du bruit dans Landerneau. Littéralement : c’est à quelques kilomètres de la ville bretonne que se tient la première édition de festival Elixir qui, jusqu’à sa disparition en 1987, accueillera aussi bien Leonard Cohen que Clash, Fela Kuti que Depeche Mode.
C’est cette épopée, ce mélange de hasards et de choix, d’amateurisme et d’ambitions, de naïveté et de vision que raconte le livre Elixir, l’histoire du premier grand festival français. La bonne occasion de se rémémorer des sons et images oubliés, de Bernt Jansch aux Stray Cats, dont les prestations ont contribué à définir une esthétique porte ouverte, qui continue de vivre en Bretagne. Car sur ces cendres se construira une autre institution locale aux repercussions internationales : Les Vieilles Charrues.
Livre Elixir, l’histoire du premier grand festival français (de Gérard Pont et Olivier Polard), éditions Coop Breizh. Disponible en ligne.
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