Vincent Cassel enquête sur la disparition d’un adolescent. Un polar aux codes exténués.
On aurait pu s’attendre à plonger dans les profondeurs d’une rivière opaque, du genre à probablement receler quelque cadavre caché, dans ce thriller signé du réalisateur de La Vie rêvée des anges (succès monstre en 1998, suivi de vingt années de relative déshérence). Il n’en est rien : emprunter pour titre le nom de l’éditeur de San-Antonio, sans la moindre justification de scénario, n’est que la première d’une série de tentatives outrées de s’estampiller “polar pur jus”.
La première, mais pas la plus gonflée : au cœur du film, c’est un Vincent Cassel tout bonnement déguisé en Columbo (imper informe extralarge, dos voûté, interrogatoires rusés) qui mène l’enquête sur une disparition d’adolescent. Mère éplorée (Sandrine Kiberlain), papa souvent absent (Jérôme Pouly), voisin probablement trop suspect pour être coupable (Romain Duris) : on navigue en terrain familier, et c’est sans doute le problème principal de cette entreprise d’imitation de genre qui accumule nerveusement les signaux – arrangements ripoux, méthodes “peu orthodoxes” et quille de whisky dans la boîte à gants.
Problème à double fond : non seulement Zonca singe, mais il échoue à singer, ou du moins rate son modèle, car Fleuve noir a moins la noirceur pétrolée du polar old school que le gris métallisé d’une série française de fond de catalogue. La franche banalité de l’intrigue parachève le tableau de cette fiction du dimanche hautement dispensable.
Fleuve noir d’Erick Zonca (Fr., 2018, 1 h 54))