Electrique et physique, sophistiqué et sauvage, du rock gallois pas fâché avec la pop.
Que faire en 2018 avec des guitares anglaises ? C’est-à-dire des guitares qui peuvent hurler, dévisser, sagouiner, déraper mais reviennent toujours, recoiffées par miracle, retrouver équilibre et élégance sur un refrain pop. La réponse, on l’a beaucoup vue et surtout entendue, à longueur de larsens bienfaiteurs, lors du récent festival anglais The Great Escape.
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Entre quelques chercheurs urbains impressionnants, comme par exemple Octavian, déjà adoubé par Drake, cet argot typiquement britannique de la guitare indomptée faisait cette année son grand retour sur les scènes de ce festival qui prédit assez justement l’avenir. Signe de l’accélération du temps, les pourtant jeunes et encore débutants Shame ou HMLTD faisaient déjà partie des influences assimilées par cette nouvelle génération de teenagers, pour qui les accords de paix entre pop et rock doivent être réglés dans la rue, à coups de pavés, dans une insurrection continue mais sans vainqueur : tout ce joli monde finit ensuite au pub, voire au lit.
Une sophistication à venir
Les jeunes Gallois de Boy Azooga répondent en partie à la question de l’utilité des guitares british en 2018, alors que certains malentendants jurent qu’elles ont tout raconté, tout ressassé, qu’elles bégayent et font sous elles. En se nourrissant largement au-delà du garde-manger étroit et un peu rance qui avait donné la Britpop, ces teignes revendiquent ainsi des influences étalées de Can à Sly Stone, de Caribou à Ty Segall. Et leurs guitares s’offrent logiquement des figures de style inédites et virevoltantes, aux limites parfois des tourbillons incontrôlés des fusions et même du free-rock hippie.
Mais ce que leurs premiers titres – les excellents et tumultueux Loner Boogie (beau comme une jam entre Klaxons et Black Sabbath) ou Face Behind Her Cigarette – ne laissaient pas entendre, dans toute leur jeunesse agitée d’hormones, était cette sophistication à venir. Car de Breakfast Epiphany à Jerry, c’est un songwriting complexe mais nettement plus fluide et concentré, moins géométrique, qui illumine ce premier album. Alors, elles servent à quoi en 2018 les guitares britanniques ? A danser, sauter en l’air, oublier le gris et le beige, pleurer, rigoler, s’abandonner et électrifier les corps perdus. C’est rien, c’est beaucoup.
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