L’ethnologue, anthropologue et féministe Françoise Héritier est morte dans la nuit du 14 au 15 novembre à l’âge de 84 ans. Christiane Taubira lui rend un bel hommage dans « Le Monde ».
L’ancienne garde des Sceaux, Christiane Taubira, prend rarement la parole, mais toujours pour des causes et des personnes qui lui tiennent à cœur. Ce 16 novembre, c’est pour rendre hommage à l’anthropologue féministe Françoise Héritier, décédée la veille à 84 ans, qu’elle a écrit un très beau texte publié dans Le Monde.
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Elle y parle de sa relation personnelle, de lectrice d’abord, à son oeuvre, où elle est allée “butiner”, pour “éclairer paradoxalement ces invariants de l’espèce humaine qui font chair à l’universel”.
Un “esprit libre et opiniâtre”
Dans sa dernière interview, remarquée, au Monde, Françoise Héritier affirmait, à propos de l’affaire Weinstein : “C’est ce qui nous a manqué depuis des millénaires : comprendre que nous n’étions pas toutes seules ! Les conséquences de ce mouvement peuvent être énormes. A condition de soulever non pas un coin mais l’intégralité du voile, de tirer tous les fils pour repenser la question du rapport entre les sexes, s’attaquer à ce statut de domination masculine et anéantir l’idée d’un désir masculin irrépressible.”
C’est aussi à cette femme engagée pour l’égalité entre les sexes, et à “son esprit libre et opiniâtre”, que Christiane Taubira rend hommage.
“Cette évidence tant assénée par Françoise Héritier”
Rebondissant sur la libération de la parole des femmes ces dernières semaines, elle écrit :
“S’impose alors cette évidence tant assénée par Françoise Héritier. Oui, cette domination, ses formes, ses variantes, c’est affaire de pouvoir qui s’obstine à ne pas varier. Et ces cris, ces appels à rescousse, ces espèces de séditions individuelles, cette addition factieuse qui se préoccupe d’exister en soi mais se tracasse plus encore d’agglomérer et de persister, de subsister au-delà des jours, des mois, du temps, c’est affaire de résistance qui s’obstine à ne pas s’éteindre”
En octobre dernier encore, l’ancienne ministre relisait les deux tomes de Masculin/féminin (Odile Jacob, 1996 et 2002), et ils lui ont semblé inépuisables : “Même relus, ces livres recèlent des angles de scrutation inépuisés.” Comme pour souligner que les outils critiques que l’intellectuelle a conçus restent pertinents pour les combats du temps présent.
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