On a appris ce 28 mai la mort de Guy Bedos. Son sourire pincé et sa gouaille ont marqué les scènes de théâtre, mais l’humoriste jouit aussi d’une honnête carrière d’acteur durant laquelle il a fréquenté les plateaux de certains grands cinéastes comme Jean Renoir, Marcel Carné et Guy Gilles, sans compter son rôle dans le film culte Un éléphant ça trompe énormément.
Les Tricheurs de Marcel Carné (1958)
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La carrière d’acteur de Guy Bedos commence en 1955 dans Futures vedettes de Marc Allégret où il tient un tout petit rôle aux côtés de Jean Marais et Brigitte Bardot. Dans Les Tricheurs, son quatrième film, il tient à un nouveau un rôle très secondaire mais dans le film d’un cinéaste de renom cette fois. Aujourd’hui assez oublié, le film est un négatif, dans le sens photographique du terme, de ce que sera la Nouvelle Vague. S’il s’intéresse à la jeunesse, c’est celle des quartiers huppés de la capitale, celle des surboums embourgeoisées, et c’est non pas pour en célébrer la liberté mais pour en dénoncer les dérives, en faisant un film d’un conservatisme rance, considéré par le critique Serge Daney comme un « navet immonde qui a divisé la France entière ». Comme un symbole, Carné se trompe de héros pour son film. Si Belmondo, qui sera deux ans plus tard l’incarnation même de la Nouvelle Vague, figure au casting, le cinéaste lui a préféré Jacques Charrier dans le rôle principal. Pour sa part, Guy Bedos fréquentera les acteurs des films de la Nouvelle Vague sans jamais en prendre le wagon.
Le Caporal Epinglé de Jean Renoir (1962)
Pour Guy Bedos, il s’agit ici d’un deuxième rôle secondaire dans le film d’un grand cinéaste. Il incarne un bègue dans un film qui, prolongeant La Grande Illusion, raconte le récit de prisonniers français qui tentent de s’évader d’un camp de travail pendant la Seconde Guerre Mondiale. Au casting figurent également Jean-Pierre Cassel, Claude Brasseur, Claude Rich et Jean Carmet.
Draguées au poivre de Jacques Baratier (1963)
Premier rôle principal pour Guy Bedos, et pour cause puisqu’il est l’auteur du scénario de cette comédie musicale réalisée par Jacques Baratier, avec Belmondo, Francis Blanche, Claude Brasseur et Anna Karina. Il est lui-même l’interprète de chansons écrites par Serge Rezvani, qui est notamment connu pour avoir écrit Le tourbillon de la vie dans Jules et Jim de François Truffaut.
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Le Pistonné de Claude Berri (1970)
Dans ce film où Claude Berri narre ses souvenirs de service militaire, Guy Bedos a droit à l’un de ses rares premiers rôles, celui de Claude Langman, alter ego du réalisateur et jeune recrue qui découvre la dureté de l’armée. A noter que Coluche, qui apparaît dans le film, avait passé les essais pour incarner le premier rôle, avant que Guy Bedos lui soit préféré.
Le jardin qui bascule de Guy Gilles (1975)
https://www.youtube.com/watch?v=nxvFNoaRe2w
Incursion dans l’œuvre méconnue d’un grand cinéaste, son rôle dans Le Jardin qui bascule lui vaut de partager l’affiche avec Delphine Seyrig, Jeanne Moreau et Sami Frey. Film bucolique, Un jardin qui bascule raconte la tension amoureuse qui s’installe entre un tueur à gages (Patrick Jouané) et sa victime (Delphine Seyrig). Tourner dans le cinéma lyrique et ultrasensible de Guy Gilles, accompagné des deux déesses du cinéma d’auteur que sont Delphine Seyrig et Jeanne Moreau, constitue un pas de côté sans équivalent dans sa carrière.
Un éléphant ça trompe énormément (1976), Nous irons tous au paradis (1977) et Le Bal des casse-pieds (1992), trois films d’Yves Robert
Son rôle de Simon dans Un éléphant ça trompe énormément, réalisé par Yves Robert et scénarisé par Jean-Loup Dabadie (décédé il y a quatre jours), est très probablement le rôle le plus fameux. Il incarne un médecin hypocondriaque, étouffé par la place que sa mère Mouchy (Marthe Villalonga), caricature de mère pied-noir excentrique, prend dans sa vie. Enorme succès en salles et, le film est devenu culte, notamment pour cette scène où Simon se fait traquer par sa mère jusque sur un cours de tennis où il joue avec ses amis interprétés par Jean Rochefort, Claude Brasseur et Victor Lanoux. Guy Bedos retrouvera Yves Robert, Jean-Loup Dabadie, Claude Brasseur, Jean Rochefort et Victor Lanoux, l’année suivante pour la suite du film, baptisée Nous irons tous au paradis (1977).
https://www.youtube.com/watch?v=t6Sn5nbGZTY
Mais cette équipe se réunira encore seize ans plus tard dans Le Bal des casse-pieds, une nouvelle comédie à succès. Jacques Villeret, Miou-Miou et Michel Piccoli (lui aussi décédé, la semaine dernière) complètent le casting de ce film où un vétérinaire passe en revue la liste des casse-pieds qu’il a rencontrés durant son existence.
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