Présenté à la critique américaine, le long métrage en gestation de Brian De Palma a globalement déçu, en partie à cause de sa production compliquée, qui se ressentirait à l’écran.
Attendu depuis 2018, Domino est un film qui n’a cessé d’être repoussé, au point de sortir seulement le 31 mai sur le territoire américain, en vidéo. Néanmoins, la presse d’Outre-Atlantique a pu voir en avance le nouveau long métrage de Brian De Palma, se déroulant dans une Europe où le terrorisme rôde, et où un policier danois (Nikolaj Coster-Waldau, le Jaimie Lannister de Game of Thrones) traque le meurtrier de son partenaire.
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On pourrait s’étonner qu’une nouvelle œuvre du réalisateur de Scarface et Phantom of the Paradise connaisse une telle distribution en catimini. Néanmoins, Domino a beaucoup fait parler de lui pour sa production chaotique, confirmée par le cinéaste, notamment en ce qui concerne le budget faible (voire insuffisant) du film, et un montage que De Palma a refusé de diriger. C’est ce que met en avant Birth. Movies. Death : « Il n’y a en soi aucun espoir que le film soit autre chose qu’extrêmement perfectible. Et c’est exactement ce que Domino est. » Cependant, la critique insiste sur le fait que l’ensemble conserve l’empreinte indéniable de son auteur : « Quelques séquences ressortent. Sans délivrer de spoilers, il y a une séquence de fusillade dans laquelle le tireur a une caméra à la fois sur son visage et derrière son arme (comme dans un jeu de tir à la première personne), ajoutant une touche de XXIème siècle dans l’usage du split screen par De Palma.«
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The Playlist appuie cette sensation de gâchis : « Regarder Domino est un exercice où l’on voit De Palma travailler avec un budget qui semble s’être évaporé en cours de route. De studios de mauvaise qualité à des effets numériques pauvres, le cinéaste résiste dans une bataille perdue d’avance contre de faibles valeurs de production, qui sapent ses efforts à chaque étape. Le film semble vaincu avant même de commencer, et c’est dommage, parce qu’on y aperçoit des flashs de De Palma, tentant de laisser sa marque dans une situation qu’il ne pouvait pas gagner.«
La déception l’emporte
Le reste de la critique américaine se montre moins clément, à commencer par The Hollywood Reporter : « [Brian De Palma] s’est rarement rendu coupable de platitude, comme c’est le cas avec Domino, un thriller antiterroriste offrant juste un peu plus d’excitation qu’une procédure policière standard à la télévision. » Pour Screen Daily, « la vengeance est peut-être un plat qui se mange froid, mais Domino la sert comme un ramassis de clichés réchauffés. Au lieu de son vieux style classieux et sa violence excentrique, Brian De Palma ne délivre que des frissons bas de gamme et d’immondes stéréotypes dans un sachet de junk-food détrempé.«
Le New-Yorker renchérit : « L’intrigue politique est dépassée et stéréotypée, les personnages pourraient tout aussi bien être des jouets en liquidation, et le gore est répulsif et gratuit. » Pour Slant Magazine, « le film fait des mouvements de caméra trop rapides pour que ses images transmettent l’irrépressible force de la provocation.«
Quelques irréductibles défendent pourtant le long métrage, à commencer par The Film Stage : « C’est un plaisir chaotique ; presque méchant, profondément sérieux au sujet des blessures du terrorisme contemporain, et assez intelligent pour se moquer des circonstances autour de ceux qui le combattent. » Néanmoins, la déception l’emporte, même si le film semble se sauver par l’identité de son réalisateur. Avec une telle réception, la sortie de Domino sur le territoire français paraît encore plus incertaine. Espérons au moins une exploitation en VOD.
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