Accompagnés d’invités de luxe, les Californiens de Foxygen injectent folie et nonsense à la pop.
Leur album précédent, … And Star Power, avait déçu par le sérieux de sa grandiloquence et sa surabondance de morceaux décousus. Pourtant, on gardait espoir que les Américains de Foxygen retrouvent l’étincelle qui traversait le disque qui les a révélés début 2013, le foudroyant We Are the 21st Century Ambassadors of Peace & Magic. C’est chose faite sur Hang, cours magistral de déraison et d’extravagance.
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« J’ai sacrifié ma santé mentale pour la musique »
Le ton est donné en novembre quand ils dévoilent le clip de Follow the Leader. Dans un parc ensoleillé, le chanteur Sam France exécute des mouvements farfelus qu’une dizaine de personnes imite. Voir cette troupe dérangée gambader, bras en l’air et sourire béat aux lèvres, est de loin le meilleur antidépresseur de cet hiver. En plus de ces images euphorisantes, la musique indique instantanément que le duo a retrouvé toute sa splendeur et semble même gagner en maturité. Loin de leurs bricolages faits maison, ces orchestrations impériales et ce foisonnement d’instruments surprennent. Les Californiens sont venus à Paris pour nous expliquer cette renaissance.
On se retire tout de suite de la tête toute notion de maturité devant ces deux grands ados hilares. Alors que la température extérieure peine à grimper au-delà des 5 °C, Sam France nous accueille en chemise blanche ouverte jusqu’au nombril. “J’ai sacrifié toute ma santé mentale pour la musique”, dit-il. On le croit sur parole. A ses côtés, Jonathan Rado, dit “Rado”, revient volontiers sur ses derniers mois très chargés – en parallèle de Foxygen, il a produit plusieurs grands albums de 2016, dont ceux de Whitney et de The Lemon Twigs. Ces derniers figurent d’ailleurs au générique de Hang parmi d’autres invités prestigieux : Steven Drozd des Flaming Lips et Matthew E. White.
De l’enregistrement lo-fi au studio
Comme toujours, Sam et Rado ont écrit et enregistré cet album eux-mêmes, mais cette fois ils ont chamboulé leurs habitudes en choisissant d’aller dans un vrai studio et en prenant le son de tous les musiciens qui jouaient ensemble. “Après avoir fait des enregistrements lo-fi pendant si longtemps, ça nous a paru simple d’entrer en studio, confie Sam. C’est facile de travailler avec des gens aussi talentueux : il suffit juste de les laisser faire !” Rado ajoute :
“L’inconvénient en studio, c’est d’être limité dans le temps. On avait deux semaines et demie pour boucler les bases des morceaux. C’était quand même agréable de pouvoir déléguer tout le côté ingénieur du son, comme par exemple installer les micros. La grande différence, c’est qu’on s’est fait aider, sans pour autant devoir faire de compromis.”
L’autre différence, et pas des moindres, c’est l’orchestre symphonique qui illumine les huit morceaux de Hang.
“A l’époque de 21st Century Ambassadors…, confie Rado, on savait déjà que notre album suivant serait … And Star Power, que celui d’après s’appellerait Hang, qu’il comprendrait un grand orchestre et qu’il aurait ce son précis. On avait ça en tête depuis longtemps et on s’était bien préparés. Ces nouvelles chansons ont été écrites spécialement pour être jouées par un orchestre.”
Un duo… et quarante musiciens
Simple duo, Foxygen accueille ainsi une quarantaine de musiciens pour exprimer ses délires sonores : cuivres éclatants, cordes soyeuses, flamboyance de Broadway (en particulier sur les grandioses America et Avalon), soul vintage, pop baroque et psychédélisme West Coast cohabitent ici en toute harmonie. Les deux amis sont fiers de ne pas avoir utilisé d’ordinateur et cette éthique de refus du digital rejoint la recherche de ce qu’ils appellent “un son vrai” sans parvenir à décrire davantage ce qu’ils veulent dire par là.
“On voulait créer un album à grande échelle, analyse Sam. Ça vient en partie du fait qu’on ait grandi à L. A., d’avoir joué nous-mêmes dans des comédies musicales au lycée. On avait envie de faire une sorte de film à la sauce Hollywood, une superproduction à l’ancienne, mais les paroles parlent de nos propres vies.”
Pour les exprimer dans un ton aussi excentrique que leur musique, Sam se transforme en crooner mi-solennel, mi-déglingué, avec un second degré bienvenu. Cette nouvelle peau lui va à ravir et sublime les péplums éblouissants de Hang. Une très grande bouffée de Foxygen.
concerts le 24 février à Bruxelles, le 25 à Paris (Trabendo)
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