Un documentaire palpitant enquête, en animation, sur les récits féminins d’une guerre invisible. Une remise en perspective nécessaire.
Elles s’appellent Geneviève, Jonna, Ludmila, Lola et Gabriele. Elles sont française, américaine, russe, israélienne et allemande et sont espionnes. Elles ont connu la guerre froide, au plus près, dans les couloirs très masculins du KGB, de la CIA ou du Mossad. Chloé Aeberhardt, journaliste pour le M – le magazine du Monde, les a longtemps cherchées. Après cinq ans d’investigations, elle a publié en 2017 un livre d’enquêtes recensant les récits de celles qu’elle a pu approcher. Aujourd’hui, Les espionnes racontent connait une deuxième vie sur petit écran et la conversion est absolument réussie.
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Un dynamitage en règle des fantasmes
Dans cette websérie claire et riche, accessible sur le site Arte jusqu’en 2023 (aucune excuse pour la rater donc), chaque épisode, animé par les dessins minimalistes et colorés de l’illustratrice et réalisatrice Aurélie Pollet, est un court portrait et une plongée dans la vie de l’une de ces femmes. On y suit, captivé·es, l’exfiltration d’une taupe soviétique, la traque d’un dictateur ou encore le périple de cette Russe débarquée en Argentine sous une fausse identité qu’elle devra préserver durant de longues années.
Loin du spectre de Mata Hari, cette “intrigante sexy qui couche pour avoir des informations”, ces espionnes, à qui Miou-Miou prête sa voix, dynamitent les fantasmes. La restitution de la rencontre entre la jeune investigatrice, véritable personnage du récit, et ces dernières, désormais âgées, craintives ou au contraire disposées à révéler leurs secrets, participe à cette remise en perspective autant qu’elle permet d’éclairer ces récits féminins longtemps occultés. Pouvoir enfin en prendre la mesure, c’est aussi réparer une injustice.
Les espionnes racontent d’après le livre de Chloé Aeberhardt (Robert Laffont). Sur arte.tv
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