Réalisatrice et actrices de “Portrait de la jeune fille en feu”
îJe regarde quelqu’un qui regarde quelqu’un, je suis moi-même regardée par ces personnes qui jouent à se regarder. Le film a une dimension méta qui n’est pas symbolique mais complètement organique, totalement liée à ce que c’est que faire du cinéma, un art collectif de circulation de regard et d’énergie. C’est un film obsédé par la question de l’égalité, je crois comme l’ensemble de mon travail d’ailleurs. »
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Quelque part au XVIIIe siècle, deux femmes apprennent (donc) à se regarder. L’une est peintre (Noémie Merlant, véritable révélation), l’autre, « modèle » (Adèle Haenel de retour chez Céline Sciamma après Naissance des pieuvres en 2007) et promise à un homme qu’elle n’aime pas.
Entre elles, pas de domination mais une collaboration, une confiance mutuelle naissante qui finira par convaincre la future épouse révoltée, refusant d’abord de se plier à l’exercice du portrait, de s’offrir (de différentes façons) au regard de l’artiste attentive.
« Il n’y a pas de peintre ni de muse. Le tableau arrive à trouver sa vérité, son émotion, grâce au partage », explique Noémie Merlant, suivie par sa partenaire de jeu (« C’est un film d’amour, vraiment, d’amour déplié, d’amour dans sa sensualité dans son côté mystique, dans l’échange, dans l’humour »).
La cinéaste, elle, voit dans « ce joli mot de muse une réalité beaucoup plus passionnante, celle de la question de l’effacement des femmes dans la création ».
Pour son nouveau long métrage présenté en Sélection officielle, Céline Sciamma délaisse ses histoires d’amitiés féminines au présent pour s’aventurer dans le film d’époque en costumes resserré autour d’un duo amoureux. S’éloigner du contemporain pour mieux en saisir les enjeux ?
“C’est une manière de ressusciter une mémoire, cette histoire de l’intimité des femmes du passé ne nous a pas été transmise” Céline Sciamma
“Ça n’était pas un besoin, répond l’intéressée. Ce sont des récits qui nous manquent, ils peuvent être contemporains et aussi appartenir au passé. C’est une manière de ressusciter une mémoire, cette histoire de l’intimité des femmes du passé ne nous a pas été transmise. Il n’y a pas suffisamment d’autrices qui ont pu la raconter. Je trouvais cette histoire au passé d’actualité.”
Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma. Sélection officielle. Prix du scénario, sortie le 18 septembre
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