Dans une interview accordée à BFMTV, Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, laisse entendre que le prix de l’abonnement mensuel aux transports franciliens devrait augmenter en 2018. De quoi susciter la grogne des usagers. Mais pourquoi le Pass Navigo est-il si cher ?
Cher, très cher pass Navigo… Ce mercredi 15 novembre, BFM a annoncé une hausse de 3% de son prix en 2018. Si les chiffres ont été infirmé par la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, le principe d’une augmentation de l’abonnement francilien n’a lui pas été démenti. De quoi susciter la grogne, prévisible, des 4 millions de Franciliens abonnés, qui ont déjà vu leur abonnement augmenter, atteignant 75, 20 euros au 1e août 2017. Un agacement d’autant plus appuyé que Valérie Pécresse s’était très clairement engagée à ne pas augmenter le tarif du pass Navigo, quand elle n’était encore que candidate à la présidence de l’Île-de-France. Cette contradiction n’a pas échappé à Twitter :
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De son côté, la présidente d’Île-de-France a indiqué vouloir « tout mettre en œuvre pour que le pass Navigo augmente le moins possible« . Tout en reconnaissant qu’une hausse de 3 à 4% des recettes d’IDF Mobilité (principal organisme de financement du réseau francilien) était nécessaire pour faire face aux « investissements colossaux de la rénovation des transports actuels« , comme l’extension de l’offre de bus ou l’achat de nouvelles rames de métro.
En augmentation jusqu’à 2030
Pour Bernard Gobitz, vice-président de la Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports (FNAUT) pour la région Île-de-France, ces augmentations successives sont inévitables. Et ne devraient pas s’arrêter là : « C’est la conséquence d’une décision prise en 2015, l’adoption d’un tarif unique sur l’ensemble du territoire francilien« . Décidée par la précédente administration, l’abandon d’une tarification progressive par zones concentriques a entraîné un manque à gagner de 300 millions d’euros, compensé par différents financements, dont l’augmentation des tarifs.
L’augmentation régulière des tarifs a aussi une cause structurelle : une partie en est imputable aux coûts d’exploitation du réseau. Le développement de nouvelles lignes, ou le renforcement de l’offre de bus par exemple, induisent nécessairement des coûts supplémentaires, conduisant à une hausse des prix.
Une augmentation à nuancer
Mais la hausse des prix est-elle aussi importante qu’elle y parait ? En réalité, elle varie fortement en fonction des usagers. « Les habitants de la grande banlieue restent gagnants par rapport aux tarifs antérieurs à 2015, estime Bernard Gobitz, mais pas ceux des anciennes zones 1 et 2, c’est-à-dire les personnes vivant dans Paris intra-muros ou en petite couronne. »
En Île-de-France, les usagers payent un peu moins de 30% du coût réel de leur titre de transport. 40% étant assuré par les entreprises de plus de 11 salariés, par le biais du versement transport, et le reste par les collectivités. De plus, l’abonnement est financé à hauteur de 50% par l’employeur dans le cas des salariés.
L’arbre qui cache la forêt
Des chiffres à nuancer donc, d’autant plus que les grands perdants seraient en réalité… les non-abonnés. Pour Marc Pélissier, président de la FNAUT : « Le vrai problème, c’est plutôt la hausse de tarif qu’ont subi les usagers occasionnels« . En effet, alors que l’augmentation du pass Navigo est plafonnée, celle des tickets à l’unité ou en carnet a, elle, été exponentielle. « Cela constitue une augmentation des recettes plus discrète que celle qui consiste à augmenter le prix du pass Navigo, qui est toujours très scrutée et très impopulaire« .
Laissons parler les chiffres : si 50% des Parisiens ont un abonnement, en grande couronne la proportion oscille entre 15 ou 20%. Parmi les non-abonnés, 40% ne prennent pas du tout les transports en commun et un autre 40% sont des usagers occasionnels. Parmi eux, nombre de retraités, ne bénéficiant plus du remboursement par l’employeur, renoncent à leur abonnement au profit du ticket, subissant ainsi directement la hausse des prix.
D’autres financements
Pour pallier les augmentations de frais de fonctionnements, d’autres solutions sont envisageables, par exemple, appliquer la TVA à taux réduit sur les transports, considérés comme un bien de première nécessité. Ou augmenter la taxe sur les entreprises, mesure qui doit déjà être appliquée en 2018 pour les entreprises des départements de la Seine-Saint-Denis (93) et du Val-de-Marne (94). Ou encore un retour de la taxe poids lourd… « Nous ne préconisons rien, mais la discussion reste ouverte« , précise-t-on chez FNAUT.
« Au-delà du prix, la vraie question, c’est plutôt la qualité de service, qui n’est souvent pas au rendez-vous« , conclut Marc Pélissier. En témoigne l’interruption de la ligne A du RER ces derniers jours, suite à un incident de chantier ayant entraîné l’inondation des lignes.
« Le prix pass Navigo, c’est un peu l’arbre qui cache la forêt. Derrière, il y a d’autres enjeux dont on parle peu. Par exemple, les coûts de fonctionnement du Grand Paris Express. On estime qu’en 2030 ils entraîneront 930 millions supplémentaires par an : qui va payer ?«
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