Populistes, souverainistes et autres eurosceptiques confortent leur position au Parlement européen. L’extrême droite arrive de nouveau en tête en France et au Royaume-Uni, et continue sa percée en Italie. La Hongrie et la Pologne restent phagocytées par leurs partis souverainistes au pouvoir.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
« La poussée de nos alliés en Europe et l’émergence de nouvelles forces politiques sur tout le continent (…) ouvrent la voie à la constitution d’un groupe puissant au Parlement européen. » Dimanche 26 mai, la tête de liste du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella, tout sourire, appelle à l’union des extrêmes droites européennes. Ces formations confortent leur position au Parlement, sans pour autant que ce soit un raz-de-marée nationaliste.
Le RN perd des votes par rapport à 2014
En France, le Rassemblement national arrive en tête de ces élections, avec 23,31 % des suffrages exprimés. Si ce score suffit à le placer devant La République en marche (22,4 %), il reste plus bas que celui que le parti d’extrême droite avait réalisé aux précédentes européennes, en 2014 (24,86 % des voix).
>> A lire aussi : Les Gilets jaunes auraient voté en majorité pour le RN aux européennes
La présidente du RN, Marine Le Pen, a invité « le président à tirer les conséquences« de ce qu’elle qualifie de « désaveu démocratique » et réclame la dissolution de l’Assemblée nationale et la mise en place d’une proportionnelle.
Le nouveau parti britannique du Brexit conforte sa majorité
Au Royaume-Uni, les partis d’extrême droite ont gagné 34,9 % des voix, dont la grande majorité (31,6 %) a été raflée par le Brexit party qui ne laisse que 3,3 % à Ukip, parti pro-Brexit qui était arrivé en tête des élections européennes de 2014 (27,5 %).
Le Brexit party, fondé il y a quatre mois par Nigel Farage, l’ex-leader de Ukip, et d’autres députés européens de la même formation, domine donc très largement les élections au Royaume-Uni, suivi par les Libéraux-démocrates avec 20,3 % des voix, le parti travailliste (14,1 %) et les Verts (12,1 %). Les électeurs britanniques ont lourdement sanctionné le parti conservateur de Theresa May au pouvoir avec un taux historiquement bas de 9,1 %. L’ancien ministre conservateur des Affaires étrangères Boris Johnson a analysé les résultats comme une « réprimande cinglante« à l’encontre du gouvernement et sa gestion de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.
>> A lire aussi : Qui est Nigel Farage, le leader du Ukip qui embarrasse la campagne pro-Brexit ?
La Ligue italienne de Salvini fait un énorme bond
C’est en Italie que l’extrême droite a réalisé le plus fort gain de sièges. La Ligue se fraie, cette année, une place nette en tête avec 34,33 % des voix, alors qu’aux dernières Européennes, le parti, mené par le ministre le l’Intérieur Matteo Salvini depuis 2013, n’avait recueilli que 6,15 % des suffrages.
Son allié au gouvernement, le Mouvement 5 étoiles, enregistre lui une baisse de suffrages (21,15 % en 2014 et 17,07 % en 2019) et le Parti démocrate, qui avait dominé les élections de 2014, voit ses résultats divisés par deux cette fois-ci avec un score de 22,7 %.
>> A lire aussi : Qui est Matteo Salvini, l’homme qui a fait renaître l’extrême droite italienne
Le parti au pouvoir hongrois domine largement
En Hongrie, le Fidesz, parti ultra-conservateur du premier ministre Viktor Orban, assoit sa domination avec 52,33 % des voix, largement devant les autres formations. Deux partis de centre-gauche le suivent de loin (16,19 % pour Coalition démocratique et 9,89 % pour Momentum). Le parti néonazi Jobbik enverra un député au Parlement grâce à ses 6,41 %.
Les Polonais ultraconservateurs au pouvoir en tête
Le parti du gouvernement polonais Droit et Justice (PiS) arrive en tête avec 45,56 % des voix, mais ne creuse pas un grand écart avec la principale coalition de libéraux et sociaux-démocrates qui obtient 38,3 % des suffrages.
Pas de majorité pour les nationalistes au Parlement
Malgré les bons scores de ces formations aux élections européennes, la « constitution d’un groupe puissant » voulue par le Rassemblement national ne va pas de soi, tant des divergences peuvent exister entre les uns et les autres. Le parti de Marine Le Pen est allié à celui de Matteo Salvini au Parlement, mais il paraît peu probable qu’ils conviennent d’un accord avec le groupe populiste Europe de la liberté et de la démocratie directe, qui compte le Mouvement 5 étoiles parmi ses membres et devrait rallier le Brexit party de Nigel Farage.
Le nouveau Parlement européen, selon une projection de cette nuit #AFP par @AFPgraphics pic.twitter.com/7F77YBkr4p
— Agence France-Presse (@afpfr) May 27, 2019
Sous la mandature précédente, il existait trois groupes distincts d’extrême droite au Parlement européen : les souverainistes (42 sièges en 2014, 56 en 2019), les eurosceptiques (77 en 2014, 58 en 2019) et l’extrême droite (36 en 2014, 58 en 2019). Même si ces trois courants parvenaient à s’allier, à 172 sièges sur 751, ils ne constituteraient pas la majorité. Ils arriveraient en deuxième position, derrière les conservateurs.
{"type":"Banniere-Basse"}