France.tv propose en accès libre une sélection de films issus la Quinzaine des réalisateurs. L’occasion d’observer la belle et riche vitalité du cinéma français.
Alors qu’on ignore sous quelle forme l’édition 2020 du Festival de Cannes pourra exister (une fusion avec Venise, un label ?), France Télé met en ligne plusieurs films piochés dans le riche catalogue de la Quinzaine des réalisateurs de ces trente dernières années. Ce sont vingt-et-un films (longs et courts) qui sont partagés progressivement sur la plateforme dédiée. Et certains offrent un panorama pétulant du cinéma français, cartographiant sa variété et sa richesse, tout en exposant l’ADN d’une manifestation née des revendications de mai 68.
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A l’origine imaginée comme un contre-festival non compétitif, la Quinzaine accueille dans ses rangs cinéastes installé·es et jeunes premiers·ières, Promesse – nom du beau troisième long métrage des frères, belges, Dardenne visible ici – d’un jeune cinéma vigoureux dont la Quinzaine deviendra l’un des précieux incubateurs.
Récit de chambre et bonheurs pavillonnaires
En 1997, Laurence Ferreira Barbosa est justement l’une des recrues de ce cinéma en pleine expansion. Dans J’ai horreur de l’amour, la géniale et encore nouvelle Balibar est une médecin un peu paumée qui arpente à Vespa les rues de Paris sur un air de Joe Dassin, ritournelle obsédante du film qui murmure la petite déprime sentimentale de l’héroïne.
Dans un dosage très fin, entre comédie et drame, le film, au titre malicieusement trompeur, conjugue l’intime au collectif. A l’élaboration d’un portrait de groupe répond celui d’une époque malade, au sens propre (la France des années sida, maladie dont le personnage de Laurent Lucas est atteint) comme au figuré (se dépêtrer d’un lot de problèmes plus ou moins graves), mais pas privée de guérison.
De guérison il est aussi question avec Dans Paris (2006) de Christophe Honoré, récit de chambre et ode Nouvelle Vague qui partage avec le film de Ferreira Barbosa un territoire de cinéma commun : Paris. Circonscrit entre l’appartement familial dans lequel Romain Duris soigne sa dépression et les boulevards qui mènent Louis Garrel (Jean-Pierre Léaud plus que jamais) au Bon Marché, le film feuillette toute une histoire du cinéma français à laquelle ces frères appartiennent désormais. Avec une audace folle, Honoré construit son film comme un puzzle, bouts de vies éparpillés à assembler, espace mental à explorer avec ses flash-back et ses accélérations.
Pour son premier film La Famille Wolberg (2009), Axelle Ropert affirme elle aussi une filiation cinéphile mais qui trouve son ancrage outre-Atlantique, du côté des mélos hollywoodiens, de leurs bonheurs pavillonnaires et conjugaux qui s’effritent comme celui de sa famille aimante mais gangrenée par ses secrets (maladie, infidélité…) et ses tristesses.
Finissons le voyage du côté d’un cinéma français qui a trouvé dans la nature et la célébration d’une sexualité débridée son terrain de jeu préféré. Dans Le Voyage aux Pyrénées (2008), les frères Larrieu emmènent Sabine Azéma et Jean-Pierre Darroussin sur leurs terres. Comédiens stars, venus humer le grand air pour guérir la nymphomanie naissante de l’actrice, le couple finira par raviver son désir dans un final jubilatoire et transgenre.
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