L’équipe de The Office US égratigne le grand projet militaire de l’administration Trump dans une satire un peu émoussée.
En juin 2018, Donald Trump annonçait la création d’une sixième branche de l’armée américaine destinée à conduire des opérations militaires dans l’espace. Fraîchement accueilli par l’opposition qui y voit un caprice aussi coûteux que mégalomane, le projet est aujourd’hui passé à la moulinette d’une fiction corrosive pilotée par Steve Carell et Greg Daniels, respectivement acteur et showrunner de The Office version américaine.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
https://www.youtube.com/watch?v=l4mY2asIjWk
Une valse des pantins un peu vacillante
Chargés de superviser le développement de cette force spatiale, le général Mark R. Naird (Carell) et le docteur Mallory (John Malkovich) tentent de surmonter leurs différences pour gérer une équipe majoritairement composée de bras cassés. Entre deux lancements de satellite, le premier tente de défendre l’entreprise face aux pouvoirs publics et d’affronter un quotidien familial difficile.
Si l’on y retrouve les ressorts narratifs qui ont fait le sel de The Office – vie de bureau abordée comme une mécanique cahotante, frottements électriques entre collègues et incidents loufoques –, Space Force en abandonne le filmage heurté et la forme de faux documentaire au profit d’une esthétique plus classique. Alignant les décors cossus et les dialogues ciselés de façon très scolaire, elle peine à renouer avec la sauvagerie burlesque de son aînée.
Steve Carell, mâchoire rigide et bas du front, constitue un relais symbolique du Président
Satire, pas à bout portant, donc, mais à tous les niveaux. En plus d’interroger la socialisation et les codes rigides qui régissent l’organisation militaire, la série s’amuse à envisager la base comme une start-up de la Silicon Valley, pétrie de novlangue néolibérale et peuplée de communicants encombrants. De cette valse des pantins où l’on joue plus du tweet que de la gâchette, le marionnettiste de l’ombre est évidemment Donald Trump, dont les contradictions et la bêtise infusent chaque recoin du programme.
Si l’on croit au départ que le personnage de Steve Carell, mâchoire rigide et bas du front, constitue un relais symbolique du Président, il se charge progressivement d’une fragilité touchante. A mesure que son corps et son esprit formatés par des années de service vacillent devant l’absurdité de sa mission, la série glisse de la caricature au portrait et dilue son venin dans l’émotion. Si Space Force ne frappe pas dans le mille, elle finit par atteindre une cible plus tendre.
Space Force Le 29 mai sur Netflix
{"type":"Banniere-Basse"}