Ce n’est pas pour faire nos lèche-bottes, mais en vérité il y a très peu de concerts à ne pas manquer à We Love Green cette année. On en a sélectionné 10 comme ça, parce qu’il fallait bien partir sur un nombre.
Booba
Si on ne mettrait pas un kopeck sur la prestation de Future, qui risque d’en décevoir plus d’un (les mêmes qui auraient crié à l’arrivée du génie quelques instants plus tôt en poussant tout le monde pour être au premier rang alors qu’on sait pertinemment que de show il n’y aura pas), on met tout notre compte en banque sur celle de Booba. Même s’il ne s’agit pas ici de l’U Arena, Booba ne déçoit jamais (ou presque). Il aura certainement sa casquette vissée sur les yeux, une bouteille de whisky à la main, l’air un peu nonchalant et dédaigneux. Booba quoi.
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On dansera sur : Friday en criant « fridayyyyy », Validé en criant « validééééé », Tombé pour elle en criant « tombéééé pour elle ».
Pour : Celles et ceux qui ne sont pas réfractaires à l’autotune.
Pas pour : Celles et ceux qui vont commenter tout le concert pendant le concert.
Pour aller plus loin : Ce qu’il faut retenir du live magistral de Booba à l’U Arena
Chris(tine and the queens)
Pas de doute, Chris a beau avoir barré la moitié de son nom de scène, elle n’en a pas moins gagné en fougue. En live, Chris se donne, chantant, dansant, offrant des tableaux ultra stylisés avec ce sens du spectacle emprunté à nos cousins anglo-saxons tout en conservant cette poésie lunaire très française.
On dansera sur : La Marcheuse, plus beau titre de son dernier album.
Pour : Celles et ceux qui aiment bien le franglais.
Pas pour : Celles et ceux qui n’aiment pas les jeux de jambes.
Pour aller plus loin: Chris(tine) : « Je voulais exister en tant que femme compliquée, affamée, énervée, émue »
Tame Impala
Avec un peu de chance, Kevin Parker et sa bande devraient jouer de nouveaux morceaux de leur album à venir. Même si leur dégaine de branleurs aux cheveux soyeux commence à sérieusement agacer, leur talent pour marier la mélodie pop et l’envolée psyché est indéniable. Repassez-vous Solitude is Bliss si vous en doutez encore.
On dansera sur : Des choses encore inconnues en se demandant s’il s’agit bien d’un nouveau morceau ou si on a un peu trop forcé sur la bière.
Pour: Celles et ceux qui aiment le talent.
Pas pour: Les puristes qui trouvent que Tame Impala est devenu beaucoup trop commercial depuis que Rihanna les a repris (Same Ol’ Mistakes sur Anti).
Pour aller plus loin: Tame Impala, chef-d’œuvre barré
Toro y Moi
C’est l’une des belle surprises du début d’année. Après nous avoir lassés, Chaz Bundick a retrouvé l’allégresse de ses débuts sur un sixième album baptisé Outer Peace, enregistré dans la baie de San Francisco. Une belle navigation entre pop de chewing-gum, gimmick de cartoons, R&B à la Pharrell Williams, groove solaire, expérimentations électroniques, chillwave à la cool. Le tout pourrait être horripilant mais non.
On dansera sur : Fading, morceau d’intro de l’album, de loin le meilleur.
Pour : Celles et ceux qui aiment bien le soleil.
Pas pour : Celles et ceux qui aiment bien Belle & Sebastian ou The National.
Pour aller plus loin : Laissez-vous emporter par la fougue candidate du nouveau Toro y Moi
Altin Gün
Un jour, par hasard, on entendit un morceau turc qui nous fit l’effet d’une claque. Le groupe s’appelait Altin Gun et s’avéra, après quelques recherches, être bien plus néerlandais que turc. Fondée par Jasper Verhulst, entendu du côté de Jacco Gardner, Altin Gün réunit le guitariste Ben Rider, le batteur Nic Mauskovic, le percussionniste Gino Groenveld, mais aussi Merve Daşdemir et Erdinç Yildiz Ecevit, d’origine turque, respectivement au chant et au saz, instrument traditionnel proche du luth. Une joyeuse troupe qui revisite « l’âge d’or » turc comme l’indique leur nom, à savoir les années 1960-70 qui virent des musiciens mêler folk, rock et pop à des sons plus traditionnels.
On dansera sur : Goca Dünya, leur tube.
Pour : Celles et ceux qui aiment digger de vieux tubes dans YouTube.
Pas pour : Celles et ceux qui n’aiment pas les morceaux qui se ressemblent.
Pour aller plus loin: Altin Gün déverse avec Gece un enivrant cocktail de folk turc et de pop occidentale
Rosalía
Alala Rosalía ! Grosse claque de ces derniers mois, la Barcelonaise revisite le flamenco à la sauce pop et R&B avec une classe folle et sans jamais (encore) tomber dans le kitsch mainstream à la Katy Perry. Son deuxième album, El Mal Querer, sorti en octobre dernier, accueillait entre autres une belle reprise de Cry me a River sous l’appelation cryptique Bagdad. Le reste est dans le même esprit : audacieux, risqué, pop, sexy. Jeune bien de son temps, Rosalía attache autant d’importance à ses titres qu’à leurs déclinaisons visuelles, soignant ses clips comme autant de bijoux d’or fin. Elle a bien raison, c’est une réussite.
On dansera sur : Con Altura, son featuring avec El Guincho qui en a fait grimacer plus d’un mais reste un très bon titre de reggaeton.
Pour : Celles et ceux qui aiment bien faire semblant de savoir danser le flamenco en frappant leurs mains, apparemment sans peur du ridicule.
Pas pour : Celles et ceux qui ne supporteront pas de voir toutes ces mains claquer en l’air et ces pieds frapper au sol comme si le tout-Paris savait soudain danser le flamenco.
Pour aller plus loin: Qui est Rosalia, la Barcelonaire qui remet le flamenco au goût du jour ?
Yves Tumor
La musique de Yves Tumor est de la même beauté que le titre de son dernier album : Safe in the Hands of Love (on ne vous fera pas l’affront de le traduire, hein). Mais d’une beauté expérimentale, presque insaisissable, insondable, d’une fluidité moderne, refusant les cases et les définitions, les appartenances et les choix, dessinant pluôt un monde de sons doux et abruptes, martelants et mouvants, sinueux comme un diable espiègle jouant à cache-cache dans un labyrinthe de verdure (et ouais, ça c’est de la métaphore). Pas étonnant que le mystérieux Yves Tumor soit signé sur Warp, label dédié à l’IDM (intelligence dance music).
On dansera sur : Licking an orchid (ft. James K), la plus accessible, avec cette phrase très belle « I want to hold you closer than anyone has ever done before ».
Pour : Celles et ceux pour qui le doux mot d' »ennui » n’a pas de sens ni de réalité.
Pas pour : Celles et ceux qui pensent que la musique c’est facile.
Pour aller plus loin : Retour sur l’excellente première soirée du Loud & Proud
Johan Papaconstantino
Ah Johan Papaconstantino ! On en a tellement parlé ici qu’on voit mal ce qu’on pourrait ajouter de plus ? On l’a même mis sur notre couve « espoirs 2019 » (avec Di Meh, Vendredi sur Mer, Aloïse Sauvage, Hubert Lenoir, Lean Chihiro). Tapez donc dans google « les inrocks Johan Papaconstantino ».
On dansera sur : Pourquoi tu cries ?? chanson d’amour portée par un bouzouki.
Pour : Tout le monde, c’est génial bon sang.
Pas pour : Les grincheux.
Pour aller plus loin: Dans l’atelier de Johan Papaconstantino
13 Block
C’est certainement l’une des meilleures formations rap actuelles. Longtemps comparée à Migos, la bande de Sevran s’écarte radicalement de la trap américaine sur son premier album BLO. Le style est cru, radical, violent avec sirènes de police et appel à « niquer la police » sur F**k le 17.
On dansera sur : Zidane, qui a la particularité de transformer des paroles comme « J’viens d’là d’où on fuck les cops » ou « On dégaine à toute heure » en refrain pop et entraînant.
Pour : Celles et ceux qui aiment les pogos.
Pas pour : Celles et ceux qui n’aiment pas le rap.
Pour aller plus loin : 13 Block : « On continuera de représenter le quartier »
Peggy Gou
Après sa curation aux Nuits Sonores, la Sud-Coréenne domicilée à Berlin Peggy Gou viendra dérouler sa house chaleureuse et expressive infusée d’acid et de disco à We Love Green. Son dernier maxi, Moment, sorti plus tôt cette année, est un joyeux moment pour tous les fans de musique électronique fraiche voire extatique. Celle que l’on continue de présenter comme « l’une des femmes Djettes actuelles » est bien plus que ça : une grande DJ tout court.
On dansera sur : Starry Night, avec cette voix qui s’insinue vers la fin.
Pour : Celles et ceux qui aiment la house.
Pas pour : Celles et ceux qui dansent très mal dans la vidéo ci-dessous.
Pour aller plus loin : dans Les Inrocks en kiosque mercredi 29 mai !
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