L’ultime enregistrement d’un chanteur inimitable.
Semblable à un inépuisable torrent d’amour et de peine, la voix de Jimmy Scott aurait dû mettre des foules entières à genoux. Mais aux Etats-Unis, être noir, infirme et porteur d’étrangeté n’a jamais aidé à faire carrière. Frappé du syndrome de Kallmann, “Little Jimmy” avait gardé la taille et le timbre de son enfance, ce qui lui valut de se faire escroquer, ruiner et traiter en freak les trois-quarts de son existence. Avec la vieillesse, une reconnaissance tardive était toutefois venue et les hommages des plus grands avaient plu sur le talent intact du petit homme au sourire éternel.
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C’est ce dont témoigne en premier lieu cet ultime enregistrement, bouclé peu avant son décès en 2014. Au fil de standards langoureux, Jimmy, entouré d’êtres bienveillants et attentifs (des pointures comme Joey DeFrancesco et Kenny Barron, une star comme Joe Pesci, nasillard mais pas indigne), paraît enfin dépouillé de sa solitude, dorloté, choyé. Ce qui ne l’empêche pas d’écraser la production et ses hôtes de son humanité bigger than life et de mettre tout le monde K.-O. dès l’ouverture, un Motherless Child beau à pleurer, avant d’enchaîner les ballades nuageuses avec une classe incomparable.
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