Deux ans après ses démos prometteuses, le guitariste de The Internet lâche un premier album solo à son image : intègre, candide et décomplexé.
Le jeune prodige de Compton sait fêter son anniversaire comme personne. Deux jours après avoir soufflé ses vingt-et-une bougies, il nous offre Apollo XXI, son premier album tant attendu. Entre ses tournées avec The Internet et ses innombrables collaborations, Steve Lacy a su trouver le temps nécessaire pour boucler une suite digne de ce nom à ses démos remarquables.
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En 2017, il n’a suffi que d’une guitare, d’un iPhone et d’un talent précoce pour que le cool kid devienne, en un claquement de doigts, la nouvelle coqueluche de la pop contemporaine. Il finit par bosser avec Kendrick Lamar sur Damn, apparaît sur Flower Boy de Tyler, The Creator, collabore avec Kali Uchis, Mac Miller ou encore Blood Orange sur leurs albums respectifs, et assure la production d’une poignée de titres du dernier Solange, tout en s’invitant aux côtés d’Ezra Koenig sur deux morceaux de Father Of The Bride, l’album de Vampire Weekend paru début mai.
Marque lo-fi
Avec seulement six titres enregistrés sur GarageBand version mobile, le tout ne dépassant pas la barre du quart d’heure, Steve Lacy’s Demos laissait deviner toute la singularité de son auteur. Inspiré aussi bien par The Neptunes, Erykah Badu et Prince que par Mac DeMarco ou David Longstreth de Dirty Projectors, le guitariste faisait se rejoindre funk, soul et scène indé en bricolant des morceaux faussement rétro au groove imparable.
Deux ans plus tard, Steve Lacy refuse de céder aux chants des sirènes que représentent les majors de l’industrie musicale. Il balaye d’un revers de main les contrats juteux pour sortir sa musique en toute liberté et peaufiner son propre style. Apollo XXI sonne alors comme un album fait-maison, intime et décomplexé, dans ses thèmes abordés comme dans sa production toujours aussi lo-fi. Le jeune prodige s’entoure de boîtes à rythmes, de synthés californiens et de guitares au son désormais si caractéristique, blindé de reverb et de quelques touches de chorus.
Sans complexe
Pour ouvrir Like Me, deuxième piste de l’album et sorte de bricolage sonore de neuf minutes, divisé en plusieurs segments autonomes censés refléter la sexualité du guitariste, il raconte : « Hello, this is about me and what I am. I didn’t wanna make it a big deal. But I did wanna make a song I’ll admit. » (« Salut, ceci est à propos de moi et ce que je suis. Je ne voulais pas en faire toute une histoire. Mais je voulais en faire une chanson, j’avoue. ») Si Steve Lacy n’a jamais caché sa bisexualité, il expliquait récemment dans une interview accordée au magazine I-D qu’il refusait que cet aspect de sa personnalité ne finisse par définir sa carrière solo.
« C’est un peu mon propre trajet, ma sexualité, mais d’une manière amusante et légère, ce n’est pas vraiment sérieux, ni très triste. Je pense que c’est mon cheminement, c’est une expression de ce que je ressens en ce moment”, confiait-il au sujet du morceau, une description qui pourrait très justement définir l’album dans son ensemble.
Purple reign
Depuis son arrivée en 2013 au sein de The Internet, le jeune Californien produit une musique imprégnée de candeur – un sentiment d’autant plus flagrant sur Steve Lacy’s Demos. Ici, le guitariste s’affirme davantage au gré de ses émotions sur des compositions langoureuses (N Side, Lay Me Down) et enjouées (Basement Jack, Guide et surtout Playground qui reflète toute l’admiration qu’il porte à Prince).
Alors que son talent précoce, reconnu et envié par l’industrie musicale, lui ouvre toutes les portes de la pop music, Steve Lacy réussit à s’imposer à sa manière, sans défigurer sa singularité et ses influences. A l’instar du Kid de Mineapolis, il s’affranchit de toute contrainte pour mieux brouiller les frontières des genres avec passion. Sur Apollo XXI, le prodige de Campton s’érige comme une icône en devenir.
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