Elle en avait marre d’entendre amies et proches se plaindre que leur corps ne rentrait pas dans leurs vêtements : s’élevant contre le principe d’un gabarit de vêtement unique augmenté de façon uniforme en fonction de la taille, Sinéad O’Dwyer imagine une collection de vêtements directement moulés sur le corps féminin dans toute sa diversité, qui devient alors le point de départ de la création textile – exactement ce qu’il devrait être.
“Dans la plupart des institutions, les mannequins des fittings font la même taille, et ce qui rend bien sur une taille 36 ne rend pas aussi bien sur une plus grande taille, explique Sinéad O’Dwyer, étudiante diplômée de la division mode de la Royal Academy of Arts. Alors quand ma mère et mes copines me disent ‘Rien ne me va car mon corps ne va pas’, je leur répond ‘Non ! Ce n’est pas toi’. Ce sont les vêtements, les motifs, les pans de tissu… Comment une même forme de vêtement peut-elle aller à tout le monde ? C’est quelque chose dont on doit se rendre compte.”
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Interrogée par le site Dazed, la jeune créatrice explique le concept derrière sa collection de fin d’études, des tenues moulées sur les corps de ses amies. Ce dernier lui est venu à la suite de longue conversation avec ses proches, au cours de laquelle l’idée a émergé que le corps, forcément imparfait, devrait s’adapter au vêtement, et non l’inverse. Sinéad décide de renverser la donne, et demande à ses copines de lui décrire la partie de leur corps qu’elles aiment le plus… qu’elle immortalise ensuite en plâtre, puis transforme en fibre de verre, pour ensuite l’intégrer à une silhouette.
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Seins, hanches, ventres de tailles variables
Le résultat est une collection de dix silhouettes, la plupart basées sur le corps de sa meilleure amie Jade Bruce Linton, réalisées en fibre de verre dans lequel a été injecté de la peinture, afin de créer un effet marbré dans des tons clairs. On y décèle toutes les courbes du corps d’une femme : la forme de sa poitrine, ses hanches, l’arrondi du ventre.
“Quand j’étais plus jeune, la façon dont le corps était présenté dans la mode et dans les médias a contribué aux problèmes que mes amis et moi-mêmes avions avec notre propre physique, et au malheur que l’on ressentait quand on ne rentrait pas dans un vêtement, reprend la jeune créatrice. Ma collection a commencé comme une exploration de la façon dont on perçoit notre corps confrontée à ce à quoi il ressemble vraiment. Ce qui m’a conduit à créer des pièces qui s’adaptent au corps, et non qui forcent le corps à se comprimer pour rentrer dedans, comme c’est souvent le cas.”
Si la collection est plus pensée de façon artistique que commerciale, Sinéad O’Dwyer espère qu’elle aidera à faire bouger les lignes plutôt figées de la mode en termes de diversité de représentation. La créatrice, accompagnée de sa girlfriend la photographe Ottilie Landmark, signe un fanzine qui accompagne la collection, donnant une voix aux corps qu’elle a choisi de représenter. Et sa première commande commerciale ne vient pas de n’importe qui : l’étudiante collabore avec l’artiste et drag queen Love Bailey sur la création d’un des costumes d’Aquaria, gagnante de la dernière saison de l’émission de télé-réalité Ru Paul’s Drag Race.
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